Je n'avais jamais lu de roman d'Orhan Pamuk avant et c'est une très belle découverte.
Ce qui m'a frappée, c'est l'incroyable pouvoir évocateur de son écriture. Mevlut, qui a rejoint son père à Istamboul pour l'accompagner dans la vente ambulante de yaourt, puis, plus tard, de boza, vit dans des torrents d'odeurs, de couleurs, de textures, sans qu'il y ait ostentation ni d'extension dans la manière de décrire de Pamuk. Il dit et nous percevons.
Le destin de Mevlut est rapporté en polyphonie, comme si son histoire était racontée en présence de témoins, vivants et morts, qui interviennent parfois dans la conversation, contredisant celui qui vient de s'exprimer, mais non pas comme dans une conversation ; plutôt comme une collecte de propos. On a parfois l'impression que Mevlut n'a pas de chance, plus souvent qu'il est porté par la volonté des autres et annihilé de sa propre inertie, il passe pour un naïf. Et cela va dans le sens de son bonheur : quand il épouse une femme à laquelle il ne songeait point, c'est bien elle qui lui apporte le bonheur, c'est le métier "par défaut" qu'il exerce qui correspond à son tempérament profond, celui où on le voit entreprenant, souriant... et pourtant, les malentendus ont parfois des conséquences tragiques.
J'ai beaucoup aimé aussi l'évocation d'Istamboul au XXème siècle, j'ai énormément appris tant sur les modes de vie que sur les événements historiques majeurs qui ont traversé cette ville.
Une belle découverte.
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