Les vies enfuies
Simon, trentenaire, libraire de livres et disques d’occasion à Paris, fait l’acquisition chez un brocanteur de la copie du masque mortuaire en plâtre d’une jeune femme inconnue, probablement noyée en Seine en 1901. Fasciné par la beauté opalescente et l’énigmatique sourire semblant tourné vers l’au-delà, Simon va enquêter sur la disparue anonyme en fouillant les archives photographiques, les registres de la morgue (aujourd’hui institut médico-légal où passent les morts non identifiés avant leur atterrissage en fosse commune) et les fonds imprimés de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu. Il échafaude des scénarios, élabore des vies probables mais l’inconnue pourtant mise à nu s’escamote, rétive à toute identification. Simon finirait par lâcher prise s’il ne croisait in extremis une thésarde allemande travaillant sur le même sujet sous la coupole de la salle Labrouste et disposant d’une avance considérable dans son travail de recherche. Simon se sent dépossédé et il va tenter de s’approcher de la chercheuse qui est peut-être une incarnation de l’inconnue.
Quête identitaire magnifique et lumineuse, L’Inconnue de la Seine est une œuvre subtile et envoutante qui dresse en « profil perdu » le portrait de Didier Blonde. L’auteur cisèle des phrases courtes, aériennes, simples et immédiatement compréhensibles mais porteuses d’un sens dissimulé à l’instar du masque de plâtre. Il suffirait, pour tenter d’approcher le mystère poétique, de s’attarder sur cette phrase, radieuse comme une épitaphe qui évoque des photons tramés dans des particules en suspension, dans une fin d’après-midi ensoleillée : « La poussière tombe avec la lumière, imperceptiblement », ainsi de la dissolution des morts dans le puits de la lumière.
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