Naître ou ne pas naître.
Dans la famille des pourris, au royaume du Danemark, il y a du beau monde : Ditlev, Ulrick, Torsten, Bjarne et Kimmie, toute une meute cornaquée par Kristian Wolf, un maître-loup pour l’homme. Sous la houlette du vice-commissaire Carl Mørck, le Département V de la brigade criminelle danoise chargé d’affaires non élucidées, on trouve Assad, fidèle second et Rose, secrétaire rétive à l’autorité. L’ouverture inattendue, vingt ans après, du dossier concernant le double assassinat des jumeaux Thøgersen se révèle être une véritable boîte de Pandore. Tabassages, viols et meurtres semblent jaillir en cascade. Quels liens unissent la bande du pensionnat d’un lycée sélect ? Jusqu’où est-elle impliquée ? Que veut Kimmie, la clocharde aux milliers de couronnes ? D’abord sceptique, Carl Mørck va vite prendre le pouls de l’affaire et brancher son rythme cardiaque sur une course haletante, explosive et létale.
Dans la série à succès de Jussi Adler-Olsen adaptée au cinéma, « Profanation » aurait gagné à ce que son titre soit mieux traduit. Le titre danois laissait penser à des « Tueurs de faisan » bien plus conforme au propos mais le marketing impose ses diktats. La seconde enquête du Département V, « Profanation » gagne à être lue dans la foulée du premier opus. Les relations entre les personnages et leurs histoires continuent à s’étoffer et se dérouler. L’écrivain est habile à nouer son récit dès l’entame et à retenir le lecteur dans ses pièges à glu. On ne sait pas qui est la victime de la chasse à l’homme en prélude (on peut penser au raffiné, cruel et blasé comte Zaroff avec ses chasses spéciales) mais on devine que la double temporalité (combinaison du passé au présent) va venir ensuite heurter la scène du prologue et s’éprouver dans le flux intense d’un suspense tendu comme une arbalète. L’auteur est habile à brosser des portraits éloquents et pourtant peu loquaces. La misère est criante et inoubliable. Bien qu’esquissé, tout à de l’épaisseur et poisse à tout va. Le lecteur est sans cesse contraint à nuancer son point de vue jusqu’au jugement dernier où les grands méchants loups, dans un ultime claquement de mâchoire, déversent malgré eux toute la bile noire des existences avortées.
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