« Il arrêtait plus. Il parlait de conscience, de méditation, il citait la Bible, et il finit par me demander... si j'étais content de ma vie ?
Sur le coup, j'ai failli l'envoyer dinguer. Sans blague ! Est-il possible qu'on vienne chez les gens leur poser des questions pareilles ? J'aurais pu lui faire remarquer gentiment qu'il était un peu indiscret. Je l'ai pas fait. Pourquoi ? Parce que tout con qu'il était, le type était plutôt gentil. Qu'est-ce que je lui ai répondu ? J'en sais rien. Il en a conclu je sais pas quoi. Et alors voilà qu'il porte les deux mains à son front et il me dit :
Si vous voulez, nous allons prier ensemble...
Alors là, excusez-moi ! » (pp. 49-50)
Monologue d'un homme au crépuscule de sa vie, rentré dans sa petite ville natale pour sa retraite. Du samedi, jour de marché, au lundi matin au passage du facteur, il prend conscience que Fafa, sa femme partie pour Paris, ne reviendra plus. Entre les lignes de ce journal de solitude et d'abandon, dans la détresse de l'âge où les projets n'ont plus cours, tout un petit monde provincial point, avec ses comparses loufoques.
Comme Cripure dans
Le sang noir, voilà encore un personnage poignant, peint dans un style impeccable ; comme toujours, le cadre est parfait.
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