"Nous vivons dans le temps - il nous tient et nous façonne - mais je n'ai jamais eu l'impression de bien le comprendre". C'est une des premières phrases du roman de Julian Barnes "Une fille, qui danse", elle en donne le thème central : Tony Webster, le narrateur, sexagénaire à retraite, va être confronté aux failles de sa mémoire et au surgissement du passé sous une forme inattendue. Nous n'apprendrons qu'à la toute fin du livre ce que le temps lui avait dissimulé, et le prix qu'il y a payer pour n'avoir pas compris ce qu'il fallait comprendre.
"Une fille, qui danse" est un roman ambitieux, une sorte de conte moral, mais qui, à mon avis, n'est pas tout-à-fait à la hauteur de cette ambition. J'ai trouvé que cette histoire manquait de vraisemblance et que certains éléments de l'intrigue étaient un peu trop façonnés à dessein, et façon trop évidente, pour que "cela" fonctionne (ainsi l'entêtement de Veronica à ne rien révéler, le déroulement invraisemblable de "l'enquête" de Tony, etc.). Les maîtres de Barnes, Flaubert ou Maupassant, me semblaient beaucoup plus habiles pour dérouler une intrigue ! Au final la "démonstration" de Barnes au sujet des imperfections de la mémoire ne m'a pas paru très convaincante.
Il reste que le roman a tout de même un charme certain, dans l'évocation de la jeunesse de Tony notamment mais aussi dans l'éternel questionnement de ce vieux jeune homme qu'est le narrateur. La lecture de ce livre a été pour moi aussi l'occasion d'interroger mon passé et de constater que le temps, sans pitié, en arrache maints lambeaux.
Une dernière chose : bravo à l'éditeur français du livre pour ce titre magnifique !
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