« Voir la lumière qui éclaire le monde ».
La tentation était forte, après avoir été happé par la lecture de la trilogie jacquaire de Jean-Claude Bourlès, de s’immerger dans « Le frisson des départs », œuvre conjuguée d’un écrivain et d’un photographe, le mot et l’image, en accord, à l’exemple d’une couverture frémissante où se dessine le vent dans la ramure échevelée d’un arbre solitaire. Yvon Boëlle sait habiter le monde et le faire vibrer dans son œuvre photographique. A chacune des régions et pays approchés, Bretagne, Irlande, Pays de Galles & Cornouailles, Mont Saint-Michel, France, Espagne, Galice, le photographe donne à lire une ou plusieurs feuilles de son carnet de route qui gagnent, à mesure, en profondeur, à l’exemple d’une rencontre évoquée au Montes de Leon ou encore lors de l’hommage rendu à la chanteuse lyrique Montserrat Figueras. Au mitan de ce beau livre, Boëlle et Bourlès convergent et pérégrinent chacun à leur manière jusqu’en Galice, un autre lieu où finit la terre (Cabo Fisterra en galicien). Jean-Claude Bourlès sait évoquer en une prose sobre et précise, retenue et vivante, son parcours de marcheur depuis les prémices lors du service militaire passé en Allemagne, dans la Forêt Noire, puis à travers des lectures, des conversations et la découverte de Conques et enfin le grand départ étoilé vers Compostelle. Un esprit celte lie les parcours, les pensées, les territoires. Le livre est émouvant quand il évoque l’allant des départs à son début et la retraite, l’âge venu, en toute fin de volume mais les textes et les photographies sont sertis entre deux joyaux mis en exergue, l’extrait du poème de Xavier Grall qui donne le titre du livre et une vieille chanson inuit : « seule une chose compte:/ Vivre pour voir se lever l’aube,/Voir la lumière qui éclaire le monde ».
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