Venus Khoury-Ghata, écrivaine libanaise qui s'est installée à Paris dans les années 70 et y a publié plusieurs romans et recueils de poèmes, nous raconte l'histoire mouvementée de sa famille à Beyrouth et dans le Nord du Liban. Cette histoire est avant tout celle de son frère Youri, qui est "différent". Il écrit des poèmes, a une sexualité (semble-t-il) impudique et tout cela est insupportable pour son père (un moine défroqué devenu gendarme) qui l'enfermera dans un monastère trappiste. Là commence une déchéance progressive et tragique, jusqu'à l'internement psychiatrique. Un jour, à son tour, l'auteure bravera l'interdit paternel et écrira son premier poème. L'histoire est poignante, les phrases sont "jetées à grande pelletée sur la page", comme le dit VKG, phrases brèves, sèches, évitant tout pathos. J'aurais aimé parfois que l'auteure prenne un peu plus de temps pour nous raconter certaines scènes, et nous en dise davantage sur les protagonistes de ce drame, notamment sur elle-même et ses deux sœurs. La guerre, et le temps ont effacé beaucoup de choses et c'est au lecteur de tenter de combler, s'il le veut, les vides (ou les silences volontaires) de ce beau récit, au titre si juste.
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