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[Verde brillante | Stefano Mancuso, Alessandra Viola]
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Posté: Dim 01 Mai 2016 9:41
MessageSujet du message: [Verde brillante | Stefano Mancuso, Alessandra Viola]
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Stefano Mancuso, universitaire italien, directeur de recherches en neurobiologie végétale, auteur qui n'est pas encore traduit en français, défend, dans ce court essai de vulgarisation, la thèse de l'intelligence des plantes. Par intelligence, il faut comprendre la « capacité à répondre à des problèmes », et savoir que « chaque plante enregistre, sans discontinuité, un grand nombre de paramètres environnementaux – la lumière, l'humidité, les gradients électrochimiques, la présence d'autres plantes ou d'animaux, les champs électromagnétiques, la gravitation, etc. – et, sur la base de ces données, elle est appelée à prendre des décisions concernant la recherche des nutriments, la compétition, la défense, les rapports avec les autres plantes et les animaux : une activité difficile à imaginer sans avoir recours au concept d'intelligence. » (p. 111).
L'absence d'un organe central préposé à l'élaboration des données (un cerveau, un système nerveux) mais surtout une très longue et tenace tradition aristotélicienne revitalisée par la « Pyramide des vivants » de Charles de Bouvelles (1509) qui plaçait le monde végétal (qui « est et vivit ») juste un échelon au-dessus du minéral (« est ») mais au-dessous de l'animal (« est, vivit et sentit ») et bien sûr au-dessous de l'homme (« est, vivit, sentit, intellegit ») (et, détail mignon, situait les plantes dans une pyramide correspondante de péchés-vertus les dotant de « acedia et gula », mais leur niant « luxuria » et surtout « virtus », réservée à la créature du sommet !) a contribué à évincer de l'Histoire des sciences les quelques tentatives – cfr. Linné et surtout Darwin – de défendre cette théorie, ou même seulement de rechercher sur des sujets aussi sulfureux que le sommeil des plantes, ou la mobilité délibérée des racines.
Or, on peut supposer que c'est surtout une analogie avec les recherches en informatique sur l'intelligence des réseaux qui nous permet aujourd'hui d'appréhender ces fonctionnements « intellectuels » diffus et partagés, dépourvus d'organe central. A l'instar de la communication et coordination entre les dizaines de millions de pointes de racines (« apici radicali ») d'un banal plant de maïs de huit semaines. Et la raison de l'absence de tout organe centralisateur chez les végétaux réside naturellement dans leur relative immobilité, qui les pousse vers une structure modulaire et sérielle, afin de survivre à une prédation même importante du feuillage, tronc voire des racines, impossible chez les animaux qui, eux, doivent fuir ou périr. Pourtant, les plantes ont mis au point une panoplie de stratégies de défense et de reproduction fondées sur la mobilité, en utilisant le vent ou l'eau et surtout des symbioses multiples et compliquées avec les animaux (dont l'homme), parmi lesquelles les fleurs et les fruits sont les plus connues. Dans le jugement sur l'efficacité comparée de ces deux systèmes de survie, on peut compter que la masse biologique végétale pèse entre 95 et 99,5% du total de la matière organique sur Terre et que les effets relatifs de la disparition du règne animal ou végétal seraient très inégaux (sans parler de celle de l'homme !)...
L'ouvrage, s'il passe beaucoup (trop) de temps à déconstruire les préjugés des savants et du vulgaire, comporte un chapitre sur « Les sens des plantes », qui révèle, de façon plus au moins développée et donc convaincante, le correspondant végétal de la vue, odorat, goût, toucher, ouïe, « … et des quinze autres sens » des plantes. Sur le goût, sont évoquées les plantes carnivores, sur le toucher, les mimosas et la compatibilité ou incompatibilité des espèces dans leurs enlacements aérien ou souterrain : c'est marquant à titre d'anecdote, mais peut-être un peu léger. Ensuite, le ch. IV sur « La communication chez les plantes », est à mon avis le plus riche et fertile pour la réflexion. C'est aussi celui où il est question de plusieurs recherches en cours qui pourraient, entre autres choses, nous faire sortir des catastrophes à la fois des pesticides et des OGM pour augmenter la productivité des cultures (à propos desquelles on se demandera un instant si c'est l'homme qui utilise les plantes ou bien l'inverse...). Enfin le ch. V revient sur différents aspects du concept d'intelligence, végétale et autre. Le livre se lit vite ; j'aurais préféré deux cents pages et autant de moelle en plus, mais les références pour approfondissement en fin de chapitres font surtout état d'articles scientifiques récents ou d'ouvrages très anciens (donc il est sans doute juste prématuré de réclamer un traité !)

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