Barberousse le Rougegorge plastronne avec son jabot orange. Comme l’écrivait le poète belge Maurice Carême, il fait « flamboyer autour de lui l’hiver entier ». La dernière livraison de La Hulotte du 2e semestre 2015 est consacrée au petit passereau insectivore. De ses mesures d’intimidation sur son territoire à son comportement lors de la reproduction, du nourrissage à la mue, Barberousse est mis à nu avec délicatesse par Pierre Déom qui puise aux sources sûres des spécialistes allemand et anglais. Le lecteur découvre que le Rougegorge peut étriller un concurrent, que l’oiseau niche à proximité du sol et s’immobilise, profitant de son mimétisme, à l’approche d’un danger, qu’en 4 heures, un nid peut être construit dans la poche d’une veste suspendue de jardinier, que la femelle en couvaison consomme 40 à 50 becquées par jour, que le froid hivernal peut tuer 9 oiseaux sur 10. Une foultitude d’informations rend grâce à un oiseau commun et peu farouche dont le chant mélodieux s’élève tout au long de l’année. La deuxième moitié du numéro poursuit l’étude du lynx. Madame Lynx s’éloigne définitivement de ses deux chatons à peine émancipés. L’hiver est là et la saison des amours commence. Les distances peuvent être considérables avant que mâle et femelle se trouvent. Le « Bonjour Lynx » consistera « à se placer face à face et à se donner des petits coups de tête, en ronronnant, comme deux nouveaux amis qui fêtent leur rencontre en trinquant avec leur crâne ». La mortalité des félins est effrayante, qu’ils soient percutés par des voitures ou détruits par des chasseurs qui voient d’un sale œil la soixantaine de chevreuils et chamois prélevés annuellement par le lynx contre le demi-million abattus par les hommes. Quelques rares photographies ainsi qu’un bêtisier du lynx traduisent l’imbécillité, l’ignorance et la méchanceté des hommes à l’égard d’un animal emblématique exterminé en France à la fin du XIXe siècle.
Si la qualité des dessins décroît sensiblement dans les dernières parutions, La Hulotte reste une revue essentielle et indispensable ne serait-ce parce qu’elle enrichit le regard du lecteur ainsi porté à mieux sentir le monde alentour.
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