J'ai découvert l'écrivain russe Anna Starobinets grâce à son recueil de nouvelles à mi-chemin entre l'horreur et l'étrange, "Je suis la reine", déjà paru aux éditions Mirobole. Cette fois-ci, il ne s'agit plus de fantastique, mais de science-fiction, ou plus exactement d'anti-utopie, "Le Vivant" rappelant "Nous autres" de Zamiatine ou "Le Meilleur des mondes" d'Huxley.
Sauf que Starobinets écrit à l'heure d'Internet et que l'univers cauchemardesque qu'elle décrit apparaît comme un parent très proche de celui de Facebook, les individus étant tous connectés au "socio" dès l'âge de trois ans, sans la moindre possibilité de lui échapper. Le réseau – appelé Vivant – décide de tout pour eux: naissance, mort, sexe, pensées, distractions..., mais comme toujours dans ce genre littéraire, un grain de sable vient enrayer la machine : en l’occurrence un humain surnuméraire (c'est-à-dire non répertorié dans la base du système). Ce sera le début de la fin... Ou plus exactement la fin, annonçant un nouveau début, pas plus prometteur que le précédent.
Le style d'Anna Starobinets est toujours aussi acide et le futur qu'elle décèle sous la généralisation des réseaux sociaux et le règne du virtuel, tout ce qu'il y a d'inquiétant. Peut-être sa lecture de l'avenir est-elle influencée par l'histoire de son pays, il n'empêche: "Le Vivant" propose matière à réflexion et fait ressortir, par le biais d'un récit passionnant, nombre des dérives de notre monde de "connectés". Encore une réussite.
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