Chapitré en 4 mouvements nommés impulsif, récitatif, dérivatif et méditatif, le bref opus du poète lyonnais Hubert Voignier (né en 1964) intitulé Les hautes herbes déroule l’écheveau des herbes sauvages s’entremêlant et ondoyant dans les prés, les jardins ou les talus. Le premier plaisir du lecteur tient au sujet du livre, les herbes folles, vues par un poète et non par un botaniste. Le regard du poète n’évacue pas pour autant les connaissances naturalistes mais il se permet des digressions ouvrant sur la métaphysique. Le second plaisir, tactile plus que visuel, pourtant concomitant, réside dans l’excellence de la réédition en 2011 de l’œuvre parue initialement en 2004. Cheyne éditeur a pris soin d’ajouter une jaquette illustrée, tissée et fibreuse à l’instar des hautes herbes décrites. Toutefois, les illustrations sommaires d’Estelle Aguelon dans le corpus ne restituent pas la profusion, la ténuité et la vitalité des graminées libres et des fleurs simples. L’écriture déliée d’Hubert Voignier balance des cordées de mots avec une élégance nonchalante. Les mots, riches, précis, accessibles donnent à sentir l’immersion aurorale dans une fontaine de jouvence verte : « […] au tournant de l’hiver, tandis que les journées remontent peu à peu le courant de la lumière jusqu’à la source d’été… ». L’auteur a des accents rimbaldiens, qu’il cite en exergue et son œuvre diffuse une exhalaison printanière, entêtante, propice au voyage.
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