"Nous, des femmes pas comme les autres" - Pas de trad. française disponible.
Trad. approximative (et au pied levé) de la 4e de couverture :
"Maria vient de subir un abandon sentimental. Raquel s'est vu forcée de quitter son amant, un homme marié. Elsa n'arrive pas à surmonter le traumatisme d'un viol, pas plus que Susi celui du décès de son frère. Les quatre vivent seules, sans compagnon, sans enfant, loin de leurs familles. Elles subviennent toutes les quatre à leurs propres besoins et partagent la même ville de ruches et d'antres agglutinés où cohabitent des femmes de catégorie A et B, où personne ne se connaît ni ne s'intéresse à ces quatre femmes seules.
Ce roman façonne un point de vue dissident sur les rôles féminins traditionnels renfermés dans la logique (illogique) de ce que l'on s'est accordé à nommer "le capitalisme tardif" : le scénario sexuel féminin, les relations entre femmes, la prétendue guerre des sexes et la revendication de sa propre identité au sein d'une société occupée à la nier non seulement aux femmes mais à tout individu pourvu de sentiments."
Au début, l'ouvrage est né de quatre nouvelles indépendantes (de longueur et style bien différents) mettant en scène pour chacune le nœud passé ou présent déterminant et entravant l'existence des personnages féminins. Ensuite, dans une logique de "personnages en quête d'auteur(e)", celle-ci les a fait(es) se rencontrer et former des histoires communes, jusqu'à la dernière nouvelle où elles finissent par se rencontrer toutes les quatre. Entre-temps, sur la fin, s'ajoutent deux personnages masculins dont l'épaisseur psychologique est suffisante pour les identifier autrement que comme intervenants secondaires auprès des héroïnes.
Dans cette seconde lecture de l'auteure je trouve (mieux que dans l'anthologie précédemment lue) une clarification très à mon goût de ce qu'elle entend par littérature féminine et par sa propre interprétation du féminisme, principalement vu comme mise en question du genre (dans les rôles jusques et y compris dans la sexualité). La poétique d'Etxebarria met d'ailleurs toujours cette dernière bien au centre de la féminité (c'est son choix...), et il en découle une prose où effectivement la distinction entre érotisme et pornographie est parfois mise à l'épreuve de sa négation que l'auteure érige en principe. Cependant ces nouvelles, vu leur différente genèse, comportent aussi des styles dissemblables et il serait très inexact de les estampiller comme érotiques : en particulier l'humour prévaut dans certaines là où la noirceur domine dans d'autres. [Par ailleurs, les situations les plus "hard" sont aussi, généralement, les plus drôles.]
Le relativisme anthropologique et topique est de mise, entre une métropole espagnole contemporaine et la région parisienne où la condition des femmes seules est certainement beaucoup plus répandue (pour ne pas dire qu'elle est la norme, puisqu'elle dépasse les 50 % des logements de la capitale) et sans doute moins associée à "l'esseulement".
Il n'en reste pas moins qu'Etxebarria possède un vrai talent pour décrire, côté féminin, l'individu dans les affres de la postmodernité, mieux que tant d'essais de critique de genre (et je commence à en connaître quelques uns).
Editeurs, traducteurs, faites que ce livre soit accessible en langue française (et pour les imparfaitement hispanophones, ne vous laissez pas décourager, ce n'est pas non plus du Lope de Vega !)
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