J'étais terriblement méfiante. Le consensus, le sujet casse-gueule..., autant d'éléments qui m'ont fait aborder "Annabel" avec un a priori.
Il a vite été balayé.
Je vous épargnerai le résumé d'une intrigue que vous pourrez trouver sans peine sur les multitudes de blogs qui ont, avant moi, évoqué le roman de Kathleen Winter.
Je viens de réaliser qu'elle porte bien son nom, la Kathleen.
Parce qu'Annabel, c'est entre autres une atmosphère qui tire ses caractéristiques d'un climat hivernal, celui du Labrador, terre d'isolement et de rudesse, de trappeurs laconiques et solitaires, de femmes indépendantes, habituées qu'elles sont à faire sans les hommes, qui pendant les périodes de chasse, s'absentent de longs mois durant.
Et parce que le grand talent de Kathleen Winter, c'est de savoir raconter, comme on peut le faire, l'hiver, au coin du feu, des histoires.
Elle a su déjouer tous les écueils auxquels se prêtait son sujet. Elle ne tombe ni dans le scientisme, ni dans un voyeurisme déplacé. C'est avec beaucoup de pudeur qu'elle aborde les problématiques que fait nécessairement naître son histoire, sans que cela passe pour une démonstration : qui sommes-nous et qui pourrions-nous être ? Quel est l'élément qui détermine principalement la façon dont un être se construit : l'instinct naturel, l'environnement culturel, familial ? Dans quelle mesure la frontière dressée entre les genres impacte-t-elle la psychologie des individus ?
Mais ces questions se posent presque mine de rien, induites spontanément par l'intrigue, et c'est réellement l'aspect romanesque "d'Annabel" qui emporte le lecteur, l'attache d'emblée aux personnages, lui donne tout de suite envie de suivre leurs destins. Tout est question, finalement, de dosage : c'est rythmé sans être bâclé, émouvant sans être larmoyant, intelligent sans être pompeux...
Bref, une jolie réussite !
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