[Le Trône de fer : l'intégrale. Tome 1 | George R. R. Martin]
Au septentrion des terres connues du continent de Westeros, au-delà du mur de glace érigé en vaine protection, ser Waymar Royce, jeune chevalier déterminé de la Garde de Nuit, mène une mission de reconnaissance dans la forêt hantée. Il est accompagné de Gared et Will, à leurs corps défendant tant la trouille les taraude. La patrouille cherche à retrouver des sauvageons et Will, braconnier hors pair, découvre huit hommes et femmes rigidifiés autour d’un bivouac. Il guide maintenant Royce jusqu’aux lieux maudits mais la scène se révèle être un piège. Une ombre en armure, de haute taille, au teint cadavérique, les yeux profondément bleus, surgit, la rapière à la main. Le spectre ne va laisser aucune chance à ser Waymar Royce. Le choc des lames est un couinement angoissé comme le « piaulement d’une bête en détresse ». Si Gared est resté dans la clairière pour garder les chevaux, Will s’est réfugié dans un arbre peu avant la funeste rencontre. Il assiste, médusé, au combat perdu d’avance du noble Royce.
Ainsi débute l’extraordinaire saga du Trône de fer (en France, 5 intégrales totalisant plus de 5 000 pages pour le moment). Ce prologue palpitant franchi, un personnage est présenté à chaque chapitre et déroule l’histoire de son point de vue. Le changement de focale dans le récit oriente différemment la perception d’une même situation, rendant vil ou héroïque un personnage selon le regard porté par le narrateur. Ce parti-pris narratif, les multiples protagonistes, le développement concomitant de trois intrigues majeures (la rivalité des grandes familles du royaume des sept couronnes pour obtenir le pouvoir suprême symbolisé par le trône de fer, le réveil de créatures légendaires au-delà du mur de glace, la reconquête depuis le continent oriental d’Essos de Viserys et de sa sœur Daenerys, derniers héritiers des Targaryen, famille destituée quinze ans auparavant), la richesse des intrigues et des félonies, la présence et la densité de tout un chacun, quel que soit son rang, la reconstitution détaillée d’un moyen-âge brutal marqué par les passions, la quête du pouvoir, le sexe et la violence apportent une ampleur inédite à l’œuvre de George Raymond Richard Martin. La traduction française largement décriée de Jean Sola faisant appel à des archaïsmes et à des tournures syntaxiques alambiquées et s’éloignant du style simple et moderne de l’œuvre originelle ne fait jamais obstacle à la lecture ; elle aide à l’immersion dans une époque féodale guère différente de la réalité historique hormis des saisons qui s’éternisent sur des années et des créatures fabuleuses momentanément disparues. « L’hiver vient ». Telle est la devise des Stark de Winterfell et elle est terrifiante.
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