[100 Bullets. 8, Périple pour l’échafaud | Brian Azzarello ; Eduardo Risso]
Quand le gnome Marty joue de la trompette, il devient Gabe, un ange céleste aux yeux d’April, la petite amie du patron du How Bar, un beauf nommé Harry. Comme il le dira plus tard à Wylie Times, un Minuteman sur le réveil : « Un jour, M. Harry a dit qu’à me voir, c’était la preuve que Dieu n’existait pas ! Mais April a dit que m’écouter prouve qu’il existe. […] Il n’y a pas un gars qui craque pour elle… mais quand je porte ma trompette à mes lèvres, tous les autres gars n’ont plus une chance. Je sais que je suis moche. Je ne toucherai jamais sa peau mais ma musique caresse son âme ». L’ange Marty est condamné à une fin tragique et déchirante comme sa musique capable de réveiller la mémoire de Wylie Times. Contacté par l’agent Graves, Wylie connaît l’assassin de Rose et dispose des 100 balles pour passer à l’action mais sa mémoire à trou le fait douter de tout et de tous, à commencer par lui-même. Alors il boit afin que des souvenirs douloureux n’émergent pas mais le processus est en marche et Wylie Times retrouve ses réflexes de tueur à la solde du Trust.
L’intrigue se dénoue à la Nouvelle-Orléans. La guerre larvée entre Shepherd et Graves par le biais des Minutemen, avec les grandes familles composant le Trust chapeautant l’ensemble, devient visible, chaque personnage composant une partition macabre même si elle est jazzy. Le 8e tome tourne autour de Wylie Times, de son retour conscient dans la noirceur du monde affairiste et mafieux. La résurrection de Wylie passe par un chemin de croix semé de trahison, de perversité et de cruauté avec une rédemption par l’amour qui ne pourra que lui échapper puisque sa femme aimée est déjà morte.
Dès lors où le lecteur admet que des hommes aguerris puissent devenir amnésiques et être réveillés ensuite par un mot de passe, qu’il comprenne la style narratif de Brian Azzarello fait d’ellipses constantes et de flash-back à répétition, il peut s’immerger dans une intrigue d’apparence complexe mais élémentaire à sa source, un Trust désirant racketter l’humanité. L’osmose entre le scénariste et le dessinateur est évidente à chaque instant. Parfois le dessin est légèrement en retrait afin que les dialogues jaillissent et à d’autres instants Eduardo Risso empoigne l’histoire et la met magistralement en image. La fin de l’ange trompettiste alors qu’il tient le poignet de son exécuteur est bouleversante. Cet ascenseur pour l’échafaud condamne Wylie à une peine de vie.
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