[merci à Sirius et à la chère amie Lanto pour le bon conseil]
"[la pilule du lendemain] Prise dans les vingt-quatre heures, elle n'est efficace qu'à 95%, mais les 5% qui restent, ça n'arrive qu'aux autres, à ceux qui décrochent le jackpot ou une maladie orpheline." (p. 16)
La probabilité de 5% : l'écart de la norme de séparation entre sexualité et procréation...
Une expérience universelle ? Peut être. Une histoire universelle ? Assurément non. Au contraire, tout ce qu'il y a de contextualisé dans notre époque, notre culture, notre géographie voire même par des précisions très fines indiquant des connotations socio-politiques extrêmement spécifiques. Souvent, je l'ai pris pour un document d'anthropologie.
Les notes précédentes ont suffisamment souligné l'originalité stylistique, elle aussi peu ou prou conditionnée par notre temps et ses habitudes de lecture et d'écriture cybernétiques. Mais ce qui frappe dans l'efficacité de la technique, ce qui permet au lecteur d'être touché au vif et de garder un souvenir affectueux du récit, ce sont les affects - états élémentaires des sentiments. Et ils sont forts, violents parfois, dardés comme des fléchettes :
"Je suis allée sur des forums de futures mamans, elles ont déjà toutes un surnom pour leur bébé à venir. Il y a du "P'tit loup" et du "BB chou" à ne plus savoir quoi en faire [...]
Je te cherche un petit nom.
J'hésite encore entre ma bosse, ma tumeur, mon erreur, mon accident, mon avorton, mon rien, mon tout, mon embryon, mon clandestin, mon sans-papiers, mon tout-petit, mon envie, ma folie, mon amour." (p. 61)
Et s'il s'agit d'états élémentaires, il s'impose de les laisser à peine esquissés : listes, anamnèses littéraires, coups de burin.
Un premier roman très réussi et plein de promesses.
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