L’idée de départ est originale. Un bébé, le dixième enfant de la famille est enterré devant la fenêtre de la maison.
Maison est un grand mot pour qualifier cette cabane de 13 m² qui semble vouloir se disloquer à chaque passage de train. Ce nourrisson prend la place de l’observateur, joue le rôle de journaliste, rapporteur des faits, rien que les faits, sans s’impliquer jamais dans les histoires entre parents et enfants, sans intervenir et on comprend pourquoi, dans les conflits avec le voisinage.
Passer outre cet état de fait, l'auteure n'a d'autres ressources que de raconter les mésaventures d'une pauvre tribu. Bien évidement les sentiments des personnages, les uns envers les autres, les humanisent un peu mieux qu’une peinture ne saurait le faire. Pourtant, je trouve l’exercice quelque peu limité. Heureusement, la seconde partie du petit roman est plus intéressante.
La profonde noirceur de l’atmosphère ne manque pas de souligner la faim, la brutalité des rapports entre les individus qui ne se gênent pas pour traiter le septième frère comme un chien.
Misère et misère dans une économie collectiviste affamante. Je peux comprendre pourquoi Teng Hsiao-Ping a instaurer la politique de l’enfant unique, en 1979, sans doute pour enrayer la famine, le mal logement. C’était passer d’une extrême à l’autre, mais ce mal semblait nécessaire pour redresser le pays.
Au fil des pages, quelques anecdotes tirent de temps en temps le récit vers le haut alors que le début du roman stagne.
Une vue splendide est à classer, à mon avis, dans la catégorie des témoignages d’une époque révolue. Un témoignage poignant, tristement cruel, d’un réalisme cru.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]