Le second tome de Fortune de France. Toujours aussi jouissif. A la fin du premier livre Pierre de Siorac s'apprêtait à partir pour Montpellier étudier la médecine en compagnie de son demi-frère Samson, et de son valet Miroul. En nos vertes années se présente comme l'initiation du jeune chevalier , de l'adolescence à l'âge d'homme. Les épreuves ne manqueront pas. Elles commencent par un voyage mouvementé du Périgord à Montpellier avec maintes attaques de "caïmans" (autre nom de l'époque pour "cailleras"....). Puis notre héros, très porté sur le beau sexe malgré (ou à cause de ?) ses quinze ans, et bien qu'il soit calviniste, fera tourner coeurs et têtes ; ce qui lui vaudra quelques désagréments. Aussi prompt à séduire les damoiselles qu'a saisir les cours des professeurs de la faculté, Pierre de Siorac en digne fils de son père , héros de Calais et Cérisoles, ne ménage pas sa peine pour affirmer justice et bon droit. Car le loustic à le sens de l'équité et de la justice ce qui parfois lui ménage quelques déconvenues à l'épreuve de sa foi calviniste. Car peut-on attendre de la grâce qu'elle soulage la détresse humaine immanente, là maintenant, quand un hérétique condamné au bûcher se tord de douleur au milieu d'une foule en liesse ?
Car c'est aussi l' intérêt de ce livre, en plus du plaisir gourmand de la simple lecture, que de toujours dresser en toile de fond le paysage politique de l'époque. Toujours fiable et documenté (Robert Merle l'affirme haut et fort dans ses préliminaires). Où l'on découvre que les protestants n'ont pas toujours été les brebis du Seigneur qu'ils prétendaient être. Ainsi Pierre de Siorac (banni de Montpellier pour un fait que je ne vous dirai pas mais qui vaut son pesant d'os et de sang) découvre t-il en arrivant à Nîmes que les protestants ont pris le pouvoir et pourchassent les catholiques, tuant et rançonnant les bourgeois de la ville. Bien sûr notre anachronique d'Artagnan se muera en défenseur des catholiques , ce faisant prenant une longueur d'avance sur les Lumières qui érigeront l'Homme en valeur suprême (mais l'on sait ce que les Lumières doivent à la doctrine de Luther et ce n'est pas notre ami Laudateur qui nous contredira....).
En si bon chemin ne m'arrêterait , je vais simplement attendre un peu et laisser Pierre de Siorac respirer et se refaire une santé chez le sieur de Montcalm près d'Uzes, là où se termine ce second livre de Fortune de France.
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