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[Professeurs de désespoir | Nancy Huston] |
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Nadjalou
Sexe: Inscrit le: 15 Déc 2006 Messages: 77 Localisation: Strasbourg
Âge: 58
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Posté: Ven 29 Déc 2006 11:20
Sujet du message: [Professeurs de désespoir | Nancy Huston]
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Un livre intéressant car il questionne notre rapport à la culture, à la lecture... Nancy Huston y dévoile notre schizophrénie du XXIe siècle : alors que nous rêvons tous de solidarité, générosité, nous faisons pourtant l'éloge d'une culture qui célèbre le désespoir et la violence. En un mot : le nihilisme. Et de citer Cioran, Beckett, Schopenhauer, Bernhard, Kundera, Jelinek, et bien d'autres... Comme si, aujourd'hui, la littérature avait renoncé à pouvoir changer le monde, à pouvoir le ré-enchanter... Et Nancy Huston de citer cette phrase de G. Sand (phrase que j'adore, que je pourrais reprendre comme signature) : "L'homme est bon et mauvais. Mais il est quelque chose encore : la nuance, la nuance qui est pour moi le but de l'art". Un livre qui interroge... ce qui fait du bien, dans notre époque, non ?
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Message |
andras
Sexe: Inscrit le: 20 Sep 2005 Messages: 1800 Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France
Âge: 67
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Message |
Nadjalou
Sexe: Inscrit le: 15 Déc 2006 Messages: 77 Localisation: Strasbourg
Âge: 58
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Posté: Ven 29 Déc 2006 14:53
Sujet du message: oui,
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j'ai remarqué qu'il y a systématiquement doublon. Mais je ne pense pas toujours à le corriger immédiatement ; je le fais souvent dans un second temps, en voyant le titre sur la page bibliothèque.
Si je n'ai mis que 3 étoiles, c'est simplement que je ne partage pas toujours le point de vue de Huston. Je suis "à distance" de ce qu'elle écrit, parfois. Mais j'aime la lire, car ça me permet de mieux me positionner, justement. Disons que je ne vibre pas, en la lisant. Peut-être parce que lorsque je lis Cioran, à 40 ans, je rigole, je pique des foux-rires toute seule... (Ce n'était pas le cas à 20 ans, lorsque j'étais en pleine crise nihiliste). Aujourd'hui, je vois le rire, dans le noir... Nancy Huston oublie la dimension du rire. Tu ne crois pas ? Par exemple, je ris aussi lorsque je lis Kafa !
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Message |
Nadjalou
Sexe: Inscrit le: 15 Déc 2006 Messages: 77 Localisation: Strasbourg
Âge: 58
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Posté: Ven 29 Déc 2006 14:59
Sujet du message: Rire nihiliste !
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P.S. à mon précédent message : c'est Deleuze, dans son "Kafka" qui m'a ouvert sur le rire, un jour. Je te le cite ? Allez, je te le cite : "L'autre aspect, c'est le comique et la joie chez kafka (...) Nous ne voyons guère d'autres critères du génie : la politique qui le traverse, et la joie qu'il communique. Nous appelons interprétation basse, ou névrotique, toute lecture qui tourne le génie en angoisse, en tragique, en "affaire individuelle". Par exemple, Nietzsche, Kafka, Beckett, n'importe : ceux qui ne les lisent pas avec beaucoup de rires involontaires, et de frémissements politiques, déforment tout". C'est radical, non ?
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Message |
andras
Sexe: Inscrit le: 20 Sep 2005 Messages: 1800 Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France
Âge: 67
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Posté: Ven 29 Déc 2006 16:48
Sujet du message:
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C'est une citation intéressante. Et tu poses une bonne question quand tu interroges la "dimension du rire" chez Nancy Huston. Il se trouve que j'ai assisté à une conférence qu'elle a donnée à la BNF quelques mois après la sortie de son livre "Professeurs de désespoir". Cette conférence s'inscrivait dans une série de conférences consacrée au rapport entre les écrivains étrangers et la France et avec la langue française. Elle a bizarrement commencé sa conférence en lisant in extenso le premier chapitre de son dernier livre. Elle lit très bien, c'est une chance, mais nous n'étions pas venu là pour cela. Elle s'est expliquée en disant que la presse ayant fait très peu de cas de son ouvrage, elle profitait de cette tribune pour lui faire un peu de publicité. La conférence a continué sur ce ton : Nancy Huston répetait un peu trop que la critique française ne s'intéressait qu'aux écrivains "neantistes", que c'était une déformation européenne, que grâce au ciel les américains (canadiens confondus) n'étaient pas aussi obsédés par la mort, etc. Elle a carrément refusé des questions portant sur la langue, disant qu'elle n'était pas venue parler de ça, sans s'interroger, semble-t-il, sur le fait que plein de gens étaient eux venus pour l'entendre sur ce sujet.
Je suis sorti extrêmement déçu par son attitude, persuadé que cette attitude non seulement désservait sa cause mais que , du moins en partie, elle l'invalidait.
Effectivement, c'était manifeste cette fois-là au moins, l'amertume l'emportait sur l'humour, sans conteste.
Pourtant, je ne jeterai pas le bébé avec l'eau du bain : d'une part NH fait preuve d'humour dans nombre de ses livres (des Variations Goldberg jusqu'à Une Adoration en passant par la Virvolte ou Instruments des ténèbres). D'autre part, tout en taxant Beckett de néantiste elle lui a rendu un superbe hommage dans Limbes/Limbo, preuve qu'elle prend elle même du recul par rapport au réquisitoire qu'elle dresse. Enfin s'il faudrait en effet instruire à décharge le procès qu'elle a su instruire à charge, il faut reconnaître que le traitement réservé à son livre a montré, sinon une franche impolitesse comme elle m'a semblé le croire, du moins une grande difficulté à remettre en cause dans ce pays les positions acquises dans le cénacle littéraire. A moins qu'il ne s'agisse d'un abandon de la joute philosophique au profit des ragots sur les "people".
J'ai le sentiment ne n'avoir pas dit grand chose sur le fond. Je suis d'accord que NH n'a pas rendu compte de tous les aspects de l'oeuvre de tel ou tel écrivain dont elle parle (je ne connais pas Cioran mais c'est vrai pour Milan Kundera par exemple). Mais la convergence entre tous ces écrivains qu'elle décrit et qu'elle étaye de citations et de faits biographiques est troublante. Il est peut-être un peu facile pour Deleuze de parler d'"interpretation basse", c'est une façon habile de se placer d'emblée au-dessus de ceux qui pourraient ne pas être d'accord avec lui. Ce que j'aime en Nancy Huston, c'est qu'elle ne cherche pas à disqualifier d'emblée son interlocuteur. Elle recherche les arguments justes et non les arguments d'autorité, ce que savent si bien faire nos philosophes.
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_________________ La critique est Thésée mais l'art est Hippolyte. |
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Nadjalou
Sexe: Inscrit le: 15 Déc 2006 Messages: 77 Localisation: Strasbourg
Âge: 58
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Posté: Ven 29 Déc 2006 18:16
Sujet du message: Bon sang,
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... tu possèdes l'art de la rhétorique, Andras !
Je ne connais pas l'oeuvre de Nancy Huston. (Quels livres me conseillerais-tu, pour l'aborder ?)...
Et puis ton argumentaire est si riche, si nuancé, qu'il va me falloir réfléchir ! J'y réfléchis et je te réponds demain ou un autre jour...
(En tout cas, c'est vrai que l'expression de Deleuze ne le grandit pas ; mais bon, il faut lire tout le livre, ou du moins le chapitre dont j'ai extrait deux bribes ; il ouvre des pistes, plus qu'il en clôture, ce philosophe...)
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andras
Sexe: Inscrit le: 20 Sep 2005 Messages: 1800 Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France
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