"L'histoire de ma vie n'existe pas. Ça n'existe pas. Il n'y a jamais de centre. Pas de chemin, pas de ligne. Il y a de vastes endroits où l'on fait croire qu'il y avait quelqu'un, ce n'est pas vrai il n'y avait personne."
Ce passage, situé près du début du livre, fait bien ressentir à mon avis l'ambiguïté qui y règne. Car si Marguerite Duras raconte ici un passage particulièrement marquant de sa jeunesse, une histoire torride avec un homme plus âgé, elle le fait de manière extrêmement détachée et factuelle. Si l'on sait les détails, certains très intimes, de l'histoire, on ne sait pas ce qu'elle en a pensé, ni ce qu'elle en pense après avoir vieilli.
L'histoire est racontée par petites touches, un bout par-ci, un bout par là, un bout sur l'amant, un bout sur la famille. Cette famille torturée est comme un écueil dans le livre, toute l'histoire tourne autour et y achoppe souvent, sans que l'on sache vraiment ce qui s'y passe : un frère néfaste, une mère à moitié folle ? Tout ceci fait que l'on ne sait pas si Marguerite, qui à quinze ans vit une histoire torride avec son amant fou d'elle sans qu'elle l'aime en retour, et qui se montre tellement froide qu'on ne connaît même pas le nom de cet homme (il restera "son amant" tout au long du livre), est une manipulatrice ou une enfant blessée, ou les deux.
La fin seule répond à mon avis un peu à cette question.
Un livre dur mais percutant, envoûtant, qui m'a donné très envie de lire d'autres livres de l'auteur.
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