Je suis un peu embarrassée pour parler de ces mémoires, car il me paraît plus facile de dire ce qui m'en a déplu que de mettre en valeur ce qui m'a plu, qui est peut-être plus subtil, ce qui vous influencerait défavorablement à tort.
Je me lance quand même. D'abord, j'ai beaucoup aimé les deux premiers groupements de mémoires : "Dans le Silence de la Nuit" (récit de ses années de Guerre 14-18 en tant que légionnaire) puis "Le Vieux Port", qui m'a même carrément enchantée, tant il rend ses relations avec Marseille ou sa vie d'exilé à La Redonne enviables. Là, j'ai même eu envie de faire des recherches sur lui, sur son oeuvre, essayer d'en lire d'autres.
Malheureusement, le plus gros morceau, et celui avec lequel j'ai eu le plus de mal était les "Rhapsodies gitanes". Les deux premières parties, "Le Fouet" et les "Ours" allaient encore, mais ensuite, je me suis un peu détachée.
J'ai eu le sentiment que le style changeait, que Cendrars, tout en proclamant sa simplicité, "posait" un peu. J'ai fini par être choquée par la façon toujours métaphorique, vague, elliptique dont il traitait sa vie privée et l'impudeur avec laquelle il exhibait ses bonnes fortunes avec des femmes riches ou à particules, dont il affectait de taire le nom, mais en noyant le lecteur d'un tel luxe de détails qu'il ne serait pas impossible à un contemporain évoluant dans le même milieu de la retrouver. Ou même (en cela, c'est un démocrate), comme il nous livrait en pâture des personnes du peuple, incapables de se défendre de ce genre d'atteinte. Certaines phrases, à périodes, interminables, m'ont vraiment lassée.
C'est étonnant comme un livre entamé avec délectation s'achève dans la hâte d'en finir.
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