Comment ai-je pu décréter ne pas aimer les histoires d'amour avant d'avoir lu celle de Miss Elizabeth Bennet et de Mr Darcy ? Moi qui avait dissimulé mon côté fleur bleue sous une grosse carapace d'ironie, je me suis faite avoir par Jane Austen ! Une œuvre intelligente et belle qui nous conte une romance façon 18ème. Délicieux !

Dans la province londonnienne de la fin du 18ème siècle, Mrs Bennet, épouse d'un gentleman propriétaire du petit domaine de Longbourn, est obsédée par l'impérieuse nécessité de marier ses cinq filles, Jane, Elizabeth, Lydia, Mary et Kitty. Dotée d'une certaine habileté pour parvenir à ses fins, Mrs Bennet met tout en oeuvre pour leur trouver des prétendants fortunés qui mettront définitivement ses filles à l'abri du besoin ou pire, du déshonneur de finir vieilles filles ou mal mariées. Car si la vie oisive des ladies de l'époque nous semble ridiculement simple et superficielle, nous n'imaginons pas à quel point la société pouvait se montrer cruelle envers elles. Prisonnières de règles moralisatrices et draconiennes et sans cesse soumises au jugement (souvent réprobateur) de leur entourage, elles n'avaient d'autres choix que de trouver un homme convenable et bien né pour vivre dans un semblant de tranquillité.

Alors que Jane, l'aînée, se fait courtiser par le riche Mr Bingley, Elizabeth, de loin la plus piquante des cinq soeurs, rencontre Mr Darcy dont la seule vue, pendant longtemps, lui inspirera plus de mépris que de sympathie. En effet, à la tête d'une extraordinaire fortune, ce beau jeune homme se fait avant tout remarquer par son orgueil et son manque de courtoisie. Mais l'esprit vif et la repartie cinglante de la jeune Elizabeth viendront bientôt à bout des manières rustres du gentleman qui se laissera malgré lui adoucir le cœur.

Ce roman me semble encore plus agréable à lire lorsqu'on en sait un peu sur la personnalité de Jane Austen. D'où l'intérêt de vous laisser tentés par l'édition 10/18 dont la préface de Virginia Woolf et la note biographique de Jacques Roubaud nous éclairent sur les détails peu connus de sa vie et de son œuvre. L'on y apprend alors que Jane Austen, loin d'être une midinette de salon, abhorrait la niaiserie et se moquaient des dames empruntées qui "soupiraient et s'évanouissaient sur les sofas". Au-delà d'être une belle histoire d'amour, Orgueil et Préjugés apparaît donc comme une critique sévère mais drôle d'une époque où les fastes de la cour Royale dissimulaient mal, toutefois, l'âpreté de la réalité.

L'écriture 18ème est superbe. Les personnages sont parfaitement croqués. L'intrigue ne s'essouffle jamais. Bref, une belle découverte !

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