Pain amer est l'histoire d'un exode à rebours. Le livre ouvre sur l'histoire de la famille de Marina, qui a fui la russie lors de la révolution, en embarquant à Sébastopol pour Istambul, puis rejoignant Nice, chaque frère de la fratrie y arrivant après un périple plus ou moins long et compliqué.
En 1946, les trois frères sont bien installés dans la région de Nice. Ils sont tous trois mariés, deux d'entre eux à des russes et un à une française. Ils ont tous des enfants, dont Marina est l'aînée.
Elle qui se considère comme française ne comprend pas la réaction de son oncle lorsqu'il apprend que les émigrés russes sont appelés à revenir en URSS. A-t-il oublié qu'il a failli être exécuté comme traître ? Que trouvera-t-il là-bas ? Il faut dire que la propagance faite par le gouvernement dépeint l'URSS comme un pays idyllique... Quand ses parents décident à leur tour d'aller y vivre en emmenant tous leurs enfants, elle se révolte mais finit par se résigner : n'ayant pas encore 21 ans elle est mineure et n'a pas vraiment le choix, et puis elle pourra aider sa famille pendant le long voyage, puis une fois arrivée profiter du fait qu'elle sera majeure selon la loi soviétique pour revenir en France, épouser son fiancé et demander la nationalité française qu'elle n'a pas, étant mineure et fille de réfugiés politiques.
Le long voyage en train commence, et sitôt passée la frontière avec l'Allemage de l'Est les conditions de voyage se dégradent rapidement : des voyages dans des wagons à bestiaux non chauffés, avec peu ou pas de nourriture pendant des étapes qui durent des jours... L'arrivée en URSS ne résoud rien : Marina et sa famille se retrouvent plongés abruptement dans le quotidien des soviétiques, pendant un hiver extrêmement rigoureux, alors que règne une famine épouvantable et que même le bois pour se chauffer est extrêmement dur à trouver... Le quotidien se transforme en lutte pour la survie, et petit à petit Marina se rend compte qu'elle ne pourra jamais retourner en France et qu'elle doit faire sa vie dans ce pays.
Il s'agit d'un roman basé sur l'histoire vraie de familles amnistiées par le régime de Staline et ayant fait le choix de vivre en URSS, leurrées par une propagande agressive, et qui se sont retrouvées là-bas dans des conditions épouvantables, et incapables de repartir.
Je connaissais cet épisode de l'histoire mais j'en ignorais deux points importants : tout d'abord qu'il avait régné une famine aussi épouvantable en URSS à la sortie de la guerre, et ensuite qu'apparemment ces ré-immigrés vivaient en Europe en tant que réfugiés politiques et qu'ils n'avaient pas la nationalité de leur pays d'accueil, ce qui a dû faciliter le fait de les empêcher de repartir.
J'ai trouvé à beaucoup de moment que le livre était moyennement écrit, un peu gnangnan, mais l'histoire est suffisamment percutante pour que cette lecture ait été marquante. Le début où l'on suit la fuite hors de la Russie en révolution m'a particulièrement touchée, car il m'a rappelé l'histoire de ma famille.
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