«C'est un choix décisif devant lequel, déjà, nous sommes placés : ou bien travailler beaucoup pour consommer beaucoup (et c'est l'option de notre société occidentale), ou bien accepter de consommer moins en travaillant peu (et ce fut parfois l'option délibérée de certaines sociétés traditionnelles). Aujourd'hui, nous voudrions tout cumuler, travailler peu et consommer beaucoup.» «Nous sommes la première société à avoir tout voué au travail. L'histoire des hommes était faite d'une modération, parfois d'une défiance, envers le Travail. Nous sommes devenus les adorateurs du Travail et de nos œuvres.» «Le travail c'est la liberté. C'est bien la formule idéale de ce lieu commun. Ce qu'il faut qu'il y tienne quand même à la liberté, le bonhomme, pour formuler de si évidentes contre-vérités, pour avaler de si parfaites absurdités, et qu'il y ait de profonds philosophes pour l'expliquer "phénoménologiquement", et qu'il ait d'immenses politiciens pour l'appliquer juridiquement !» S'il n'a jamais consacré d'ouvrage spécifique au travail, Jacques Ellul l'évoque tout au long de son œuvre. Les textes s'y rapportant sont réunis pour la première fois.
J'ai acheté ce livre sans grande conviction. Parce que publier des livres qu'un auteur n'a jamais écrit est toujours aussi suspect que de sortir un album d'un chanteur mort depuis des années... Mais là, j'avoue, le jeu en vaut la chandelle.
A travers des articles ainsi que des chapitres d'ouvrages, tous écrits par Ellul, cette "compilation" de textes sur le travail montre à quel point l'auteur était pertinent et donne une orientation pour notre société d'aujourd'hui. Le lire, comme ça, ça m'a tout simplement redonné envie de revisiter (encore!) ma notion du travail et de tendre davantage vers ce qui est dans mon coeur.
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