Pierre Rabhi est un des grands promoteurs de la décroissance en France. Il est convaincu que la modernité, la recherche du progrès, la technologie, ont jusqu'à maintenant apporté bien plus de mal que de bien à l'humanité. Les gens dans les sociétés occidentales sont devenus esclaves de leur désir d'accumuler toujours plus de biens matériels, ce qui les rend perpétuellement frustrés et malheureux, au lieu de leur donner la satisfaction qu'ils recherchent. De plus, ce mode de vie est incompatible avec une planète aux ressources finies, dont les limites ont déjà été dépassées. La seule solution à ce problème majeur est donc de revenir à un mode de vie simple, à une sobriété volontaire, à renoncer au dogme de la croissance infinie qui régit notre monde, et à se tourner vers les valeurs humaines que sont la générosité, le partage, la modération.
Je n'ai pas aimé ce livre. Pourtant, je suis déjà une convaincue de la décroissance, et sur le fond je suis d'accord avec beaucoup des constats de Pierre Rabhi. Mais ce livre reflète un des gros défauts que je trouve à beaucoup de défenseurs de la décroissance: il n'en ressort que du pessimisme, un sentiment de désespoir total, l’impression que ce monde est tellement pourri que plus rien ne pourra le sauver. Ce n’est bien sûr pas ce que l’auteur a voulu montrer, mais c’est ce que l’on ressent à la lecture du livre.
Du début à la fin, il ne fait que constater tous les défauts de note société moderne, en regrettant avec nostalgie le bon vieux temps où tout allait mieux, où les gens vivaient simplement mais heureux. Rabhi est vraiment à fond dans le mythe du bon sauvage, il parle des villages africains de son enfance où les gens n’avaient pas d’argent mais étaient heureux car ils étaient attachés à leur terre à leur famille, ils connaissaient les vraies valeurs, pas comme les capitalistes décérébrés qui peuplent le monde d’aujourd’hui… Cette espèce de nostalgie d’un passé soi-disant idéal auquel il faudrait revenir m’agace profondément.
Surtout, Rabhi ne propose aucune piste, pas de réflexion sur la façon de « changer de paradigme » comme il dit. A part citer quelques petits projets à la fin du livre. C’est ce que je reproche à beaucoup de décroissants : ils sont très forts pour parler des problèmes et imaginer un monde idéal sans croissance, mais quand il s’agit de proposer des solutions concrètes pour réaliser ce changement (au-delà des comportements individuels), il n’y a plus personne.
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