Ce livre se compose deux parties : un récit autobiographique (à la troisième personne) sur l’enfance et le surgissement des premières langues apprises (le turc, le français), parmi d’autres demeurant flottantes ou potentielles (le judéo-espagnol, l’allemand) ; la seconde, qui rassemble des nouvelles courtes ayant pour cadre principal les Îles des Princes au large d’Istanbul, un des lieux emblématiques du cosmopolitisme istanbuliote saisi lors de son crépuscule, sans pourtant qu’apparaisse le thème du déclin.
La nature d’autofiction est perceptible dans l’ensemble, ainsi que la filigrane du climat de la Turquie des années 1950-60 à l’égard des minorités religieuses (recensements, pillages du 5-6 septembre, école turque et lycées étrangers), rendu surtout par un ressenti vague d’une enfant ou d’une jeune fille qui partira bientôt.
L’implication du narrateur et celle de la mémoire de l’auteure sont donc très fortes (notamment par rapport aux mots et aux langues), surtout si on les compare à la littérature minoritaire (par ex. à Mario Levi) qui n’est pas ni ne ressemble à la littérature migrante, dans laquelle s’inscrit au contraire RP-D.
Il est intéressant de noter à son égard, qu’elle est désormais (depuis bientôt 30 ans) principalement traductrice non du turc mais de l’hébreu, langue d’une première migration adulte, vers le français, « langue père » qui possède aussi pour elle un statut plutôt particulier où se mêlent des événements biographiques anciens à d’autres plus récents…
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