Nous voici embarqués auprès de Bahi, à bord de son antique camion, à travers l'Oranais ; à 70 ans il continue de livrer du sable chaque jour. Sur la route, l'Algérien partage ses souvenirs : 50 ans plus tôt, il travaillait dans la ferme du grand-père du narrateur, Marusci, et une relation presque filiale s'était tissée entre eux ; pourtant c'était la guerre et les autres fermiers étaient partis ou avaient été massacrés. Marusci lui, bénéficiait à son insu, de la protection de ses ouvriers qui avaient aussi rejoint le maquis (parmi eux se trouvait Bahi), jusqu'au jour où il n'aura d'autre choix que le départ, mais sa figure continuera d'habiter Bahi en dépit des ans qui passent. On peut même dire que dans le village, Marusci accèdera au statut de légende mais l'image qu'il laisse de lui n'a hélas plus grand chose à voir avec l'homme désabusé et ennuyeux qu'il est devenu.
Le narrateur s'efface devant Bahi, un homme joyeux, pétillant, espiègle encore, mais surtout un raconteur d'histoires, qui passe sans transition d'une époque à une autre, composant une sorte de puzzle où les anecdotes personnelles se mêlent aux tragédies collectives.
J'ai d'abord été déroutée par le manque de ponctuation du texte, puis j'ai pris le parti de la rétablir moi-même pour faciliter la lecture. A partir de là, j'ai vraiment pu me plonger dans le récit. Bahi est un personnage très sympathique, lucide aussi, il propose un regard sur l'Algérie qui rend compte de la complexité des situations comme des personnages, à commencer par Marusci. Là avait dit Bahi est un très beau livre, original par sa forme et sa construction, je le recommande chaudement !
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