J'ai été attiré par l'information, qui me semble malgré tout un peu douteuse, qu'il s'agissait d'un des "tout premiers romans érotiques écrits par une femme" en 1883.
Quelques précisions. Publié en 1883, donc : portant certaines préciosités de langue ("nous montâmes à la chambre veuve de son verrou" - p. 20), plusieurs idées de fond ("[...] et ce soir tu me diras si tu veux être la femme de la nature ou celle de la société." - p. 39), voire même sa forme presque théâtrale me font penser très fort à un écrit d'un siècle plus vieux.
Le narrateur est un homme, qui intervient d'abord comme personnage très important, puis tend à s'étioler à mesure que change la géométrie des combinaisons dans les relations.
Je qualifierais ce roman (techniquement, mais cela reste subjectif) de pornographique et non érotique, sans qu'il y ait dans la qualification rien de jugeant ni de moralisateur, bien sûr : eu égard à l'importance relative du nombre des pages de description explicite de scènes d'éros, par rapport à celles consacrées au caractère des personnages, ou à tout autre narration elliptique, ou même à la substance de l'intrigue, qui est aussi ténue que convenue.
Le roman, où les dialogues sont abondants, peut donc être considéré presque comme une pièce de théâtre en quatre actes en relation avec les combinaisons-permutations des personnages : 1) le narrateur et Violette, personnage éponyme de la petite fille immensément ingénue (jusqu'à la caricature, ou à la suggestion du doute...) ; 2) Violette, le narrateur et la comtesse en trio ; 3) Florence, l'actrice "hermaphrodite" en solitaire ; 4) la comtesse et Florence en couple homosexuel (avec moult échantillonnage - presque publicitaire, penserions-nous aujourd'hui - de godemichés !).
Plusieurs touches de XVIIIe il y a donc, mais ne songez surtout pas à Sade ! Pas de volonté de pervertir quelque norme que ce soit. Il règne un ton moral, pour ne pas dire moralisateur, et une quasi absence d'implication transgressive, voire d'émotion, des personnages dans leurs actes - peut-être simplement est-ce leur épaisseur insuffisante - qui donnent à ces multiples descriptions de gestes et d'anatomies un côté désuet, à l'instar de l'habillement, des décors intérieurs et des bains de siège à l'Eau du Portugal ou à la guimauve (moins brûlante, sans doute...).
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