En cet été 1996, l'inspecteur Kurt Wallander est d'humeur maussade et mélancolique. Il doit faire face à la mort d'un collègue, Svedberg, assassiné dans d'étranges circonstances, rassurer une mère angoissée qui harcèle les services de police parce qu'elle est persuadée qu'il est arrivé malheur à sa fille et à deux de ses camarades, et composer avec une fatigue lancinante qui le tenaille depuis quelque temps.
Lorsqu'il s'avère que l'angoisse maternelle était fondée, et que le meurtre de Svedberg semble être lié à la disparition des trois jeunes gens, débute une enquête fort éprouvante, au cours de laquelle les interrogations s'accumulent sans trouver de réponses.
Henning Mankell maîtrise impeccablement son affaire. Son intrigue est parfaitement ficelée, révélations et rebondissements alimentant le récit en nouvelles énigmes au fur et à mesure que progressent, plutôt mal que bien, des investigations qui font intervenir à la fois techniques scientifiques, déduction et intuition.
Le portrait qu'il brosse de son personnage principal est empreint d'humanité. Kurt Wallander est un policier qui, après presque trente ans de métier, conscient de l'évolution d'une société où la violence progresse aux dépens de la solidarité, au sein de laquelle les jeunes, en manque de repères, perdent pied, a parfois du mal à trouver un sens à son travail. Et puis, l'âge avançant, son corps le trahit, ou plutôt lui rend la monnaie de sa négligence... il se sent plus vulnérable, moins résistant, et se laisse plus facilement gagner par la peur et l'effroi face aux horreurs perpétrées par des criminels qui lui semblent de plus en plus barbares.
Tous ces éléments font des "Morts de la Saint-Jean" un roman qui tient le lecteur en haleine, tout en instaurant entre le héros et lui une sorte d'intimité.
Malgré tout, je ne pense pas garder de ce récit un souvenir impérissable, parce que rien, finalement, ne le distingue d'un autre polar parfaitement maîtrisé.
Henning Mankell réussit son exercice, et j'admets que c'est déjà beaucoup, mais il manque selon moi, pour faire des "Morts de la Saint-Jean" un texte vraiment remarquable, une petite touche d'originalité.
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