Certains quartiers de grandes villes ont/sont des espaces mythiques dans la littérature de leur pays : ce sont des topoï narratifs, avec leurs propres descriptions attitrées - cadres d'intrigues romanesques ou parfois eux-mêmes personnages -, souvent aussi "topiques" dans leur forme que dans le fond. C'est le cas du quartier anciennement levantin et minoritaire cosmopolite de Pera-Beyoglu à Constantinople-Istanbul, qui a été d'abord un topos narratif pour ses propres habitants (Levantins, etc.), avant de le devenir pour la littérature turque.
Ce "récit" - pas vraiment une nouvelle, trop court pour être un roman - est l'amalgame de trois ingrédients divers mais, chacun à sa manière, assez mythiques : le topos narratif de Beyoglu justement ; un fond introspectif onirique, où s'alternent parfois presque imperceptiblement sensations et sentiments, allers-retours dans le temps, bilans intérieurs et impressions du moment, rêves et rêveries - toujours entre réel et imaginaire - : ce genre est très commun dans la nouvelle turque contemporaine, fort portée sur l'introspection ; enfin une intrigue amoureuse - "errance sentimentale" (dit la 4e de couverture) ou fantasme de désir - autour d'une mystérieuse voisine, intrigue qui possède certains traits du genre polar et qui contribue considérablement à la dynamique du récit.
NB: Il s'agit de la 1ère traduction publiée de l'amie C. [raison principale de ma lecture]
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]