Le papillon Citron survit aux rigueurs de l’hiver et bat des ailes le premier au printemps, cherchant frénétiquement une femelle pour la féconder. Celle-ci émerge de sa torpeur une quinzaine de jours après le réveil des mâles, au moment où les feuilles des arbres seront sur le point de sortir, offrant un lieu de ponte idéal, surtout si l’arbuste est un nerprun bourdaine ou purgatif car le papillon y est inféodé. Le jour, les chenilles vertes, immobiles, se dissimulent sous les feuilles le long des nervures afin d’échapper aux prédateurs et la nuit, elles dévorent le limbe de la feuille. La larve pousse l’art du camouflage jusqu’à inverser son ombre grâce à son dos sombre et à ses flancs pâles : « ce qui efface l’ombre de son corps, brouille sa silhouette et lui donne un air faussement aplati ». Après 30 jours, la chenille s’accroche à une branchette, se métamorphosant en chrysalide qui prend l’apparence d’une feuille durant quinze jours. Puis le papillon s’extrait d’abord par le dos afin de dégager antennes, tête et cou puis viennent les ailes qui, en vingt minutes, vont sécher, durcir et doubler de longueur. Le Citron s’envole aussi sec et part aspirer les fleurs alentour. Il sait s’économiser et se replier sous une feuille, les antennes jointes imitant le pétiole d’une fleur, les ailes plaquées l’une contre l’autre ressemblant à une feuille, accroché avec ses quatre pattes, plongé dans le sommeil jusqu’à la fin de l’été. L’automne les réveille. Les papillons vont emmagasiner le sucre nécessaire afin de passer l’hiver. Ils fabriquent un antigel capable de les préserver du froid jusqu’à moins trente degrés, sous la neige ou la pluie.
Le vautour fauve revient pour un troisième épisode en deuxième partie de La Hulotte. Les jeunes vautours fauves passent sous la loupe de la chouette tatie. Fin mars, l’oisillon perce l’épaisse coquille avec le « diamant » qu’il possède au bout du bec et s’en extirpe en quelques heures, ou en quelques jours. Paré de ses plumes rousses après deux mois et demi d’existence, le jeune vautour grossit et grandit. Un mois de plus et il pourra s’envoler après « avoir multiplié par quarante son poids de naissance ». Encore peu aguerris aux techniques de vol, les jeunes vautours paient un lourd tribut aux pylônes et aux éoliennes. La recherche de nourriture n’est pas évidente non plus et deux vautours sur dix trépassent avant un an.
La Hulotte donne du sens à l’imaginaire de chacun. Elle délivre des explications scientifiques aux comportements des animaux mais elle ne dit pas tout, laissant la rêverie du lecteur prendre le relais. Le Citron révèle quelques uns de ses secrets. Son art du camouflage force le respect et sa longévité en dépit des intempéries est sidérante. Quant au bouldra, on a envie d’aller à sa rencontre au bord des falaises, le connaissant un peu mieux, toujours trop peu mais suffisamment pour l’apprécier davantage.
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