[Du passé faisons table rase | Thierry Jonquet, Hervé Delouche]

Comment le secrétaire général d'un grand parti de gauche a t-il pu cacher à tout le monde les errements de ses années 40 qui l'ont vu accepter d'aller en Allemagne travailler dans les usines d'aviation ?
Tout le roman de Jonquet est bâti sur cette idée. On pense bien sûr à Georges Marchais et à son acceptation du STO que révéla L'Express en 1972. Sauf que l'auteur dépasse cette simple constatation et extrapole sur les motifs peu avouables qui auraient pu obliger le Parti (le mot "communiste" n'est jamais cité) à éliminer, physiquement, certains témoins de la veulerie du premier secrétaire. En effet le roman commence par l'élimination de trois témoins clé de la traitrise de René Castel (le nom du premier secrétaire du Parti...) par un agent russe. Il y a là notamment un certain Leguilvec authentique résistant qui prit d'assaut la "kommandantur" de Lorient avec ses troupes et qui découvrit dans les archives les preuves de l'ignominie de Castel....
Thierry Jonquet ménage ses effets. Le roman progresse par énigmes, par dévoilements successifs.... Il y a du chantage dans l'air. Et bien sûr celui, celle, qui sera broyée par l'Histoire sera la plus dévouée des militantes, âme pure d'idéaliste persuadée que le Parti n'oeuvre que pour l'avènement du Grand soir.
Personne ne sort indemme de ce roman, si peu romancé.... Les services secrets de la République comme le Grand Parti des Fusillés nous apparaissent que comme des machines aveugles destinées à la conquête et à la conservation du Pouvoir.

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