Chronique himalayenne bâtie chronologiquement avec des mots sans couenne et sans gras, la pensée saisit, sur le vif et sans temps mort, le déroulement d’un trek au Népal, dans la région des Annapurna, plus précisément au Gyaji Kang, sommet inviolé. Le récit se lit avec plaisir car les phrases bien cadencées possèdent le bon tempo. Le ton est railleur et chacun en prend pour son grade. Nul n’est épargné, pas même le narrateur, « Yann, 47 ans, marié intermittent ». Toutefois, le persiflage met à nu les travers des trekkeurs et rend leurs équipées totalement décalées dans un pays pauvre s’adaptant aux exigences d’un tourisme friqué. Le lecteur sourit souvent aux vacheries qui viennent se nicher là où on ne les attend plus. Marie-Jo, bobo acariâtre de 51 ans, « quelques pellicules collées aux cheveux gras », qui amène dans ses bagages son « thé à la bergamote de chez Fauchon » va essuyer la buée sur les verres en cul de bouteille de ses lunettes ainsi que les piques assassines de Yann mais les rebondissements seront inattendus, du restaurant stylé le Krishna Pan à l’hôtel Baktapur. Yann sera bien obligé de revoir sa copie car rien ne se passera comme prévu, ni son retour admirable chez les siens, ni le renflouement de son entreprise déclinante. Il lui faudra trancher dans le lard là où ça fait mal mais naturellement, l’échappée belle au pays du sourire se clôturera ou plutôt s’ouvrira sur une promesse d’embellie.
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