Comme Primo Levi, Mario Rigoni Stern a été profondément marqué par son expérience de la Seconde Guerre Mondiale ; en tant que soldat, d'abord. Comme Primo Levi, on suit une écriture limpide, sans recherche d'effets de style : la poésie est dans les instants décrits par épisodes, tels des souvenirs. Nous ne sommes pas là dans le récit de guerre habituel, mais dans la souffrance du soldat qui veut sauver sa peau, et celle de ses copains dont il est responsable. A la rigueur que le contexte soit celui de la retraite de Russie ou d'une autre guerre importe peu : le propos est universel, la guerre est une sale affaire pour les hommes.
Le ton, le sujet, la qualité de l'écriture sont irréprochables pour moi, mais je préfère tout de même les nouvelles de Mario Rigoni Stern : dans "Le vin de la vie" et surtout "En attendant l'aube", les textes plus denses sont aussi plus essentiels. Dans "En attendant l'aube", le premier texte "Neiges de janvier" raconte la mort d'un des jeunes lieutenants qui est aussi un personnage côtoyé dans "Le sergent dans la neige". Dans le premier cas, on est dans l'émotion, l'évocation d'un amour éphémère et une mort tragique dans un exil glacial. Un texte véritablement bouleversant. Dans le texte présent, il ne s'agit finalement que d'une scène comme une autre à la portée insignifiante.
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