"Démons et merveilles" regroupe quatre nouvelles écrites par l'écrivain H.P. Lovecraft entre 1919 et 1933. Le fil conducteur en est le personnage central, Randolph Carter, et son attirance pour les mondes oniriques et imaginaires qui l'amène à vivre des expériences hors du commun.
Je tiens à préciser que ces textes n'ont pas été réunis à l'initiative de leur auteur, mais sur celle d'une maison d'édition française, qui fit ainsi paraître, en 1955, le premier ouvrage de H.P Lovecraft dans l'hexagone, et ce, dix-huit ans après sa mort.
Les différents textes étant intitulés "chapitres", j'avoue avoir au départ été perplexe, dans la mesure où je pensais me trouver face à un roman à la chronologie fantaisiste, et surtout manquant cruellement de cohérence dans son ensemble... En effet, même si les quatre nouvelles s'articulent autour d'une thématique et d'un protagoniste communs, et que l'on retrouve parfois certains éléments de l'intrigue de l'une dans l'autre -ou les autres-, on ne peut dire non plus qu'elles se suivent réellement.
Voilà : contrairement à moi, si vous décidez de lire ce recueil, vous serez prévenu !
Dans la première partie -"Le témoignage de Randolph Carter"-, le héros éponyme est auditionné (sans que l'on sache par qui puisque seul son témoignage est retranscrit) suite à la disparition de son ami Harley Warren dans d'étranges circonstances. Ce texte, l'unique du recueil à ne pas se référer aux mondes oniriques, suggère l'existence d'horrifiques contrées souterraines.
C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de tous les récits qui composent "Démons et merveilles", que d'évoquer, bien souvent, plutôt que de dépeindre les univers à la fois fabuleux et terrifiants issus de l'imagination de l'auteur.
Avec "La clé d'argent", il est cette fois question de la disparition de Randolph Carter qui, ayant "perdu la clé de ses rêves", entendez par là sa capacité à parcourir de foisonnantes et infinies productions oniriques, se met à sa recherche...
"A travers les portes de la clé d'argent" réunit divers personnages qui, quatre ans après la disparition de Carter, doivent statuer sur le legs de ses biens. Est notamment présent un étrange Hindou qui apporte un surprenant témoignage affirmant que Randolph serait vivant mais que, en raison de certaines circonstances provoquées par son incursion dans ses mondes imaginaires, il doit vivre caché...
"A la recherche de Kadath" est le texte le plus long du recueil, et aussi le plus riche en péripéties. D'ailleurs, H.P. Lovecraft y utilise moins les qualificatifs qui jusqu'à présent, lui permettaient de suggérer l'horreur sans la décrire -tels "indicibles", ou "indescriptibles", justement- pour nous livrer plus de précisions sur l'apparence des univers parcourus et des créatures féeriques ou terrifiantes qui les peuplent...
Ici, Randolph Carter part en quête de la mystérieuse cité entr'aperçue dans ses rêves, mais dont il s'est vu interdire l'accès à chacune de ses tentatives pour y pénétrer, parce qu'il s'est réveillé.
Sur la quatrième de couverture de mon édition, on nous apprend que Daniel George (qui est pour moi un parfait inconnu) a écrit que "comparé à ces contes, Poe ressemble à de la musique de chambre"... Et bien, je ne suis pas d'accord avec lui : autant, à la lecture des nouvelles de Poe, je me suis sentie entraînée dans une atmosphère ténébreuse, subtilement surnaturelle, autant ces nouvelles de H.P. Lovecraft m'ont laissée relativement froide.
Cela tient, je crois à deux raisons.. la première, c'est cette propension de l'auteur à la suggestion, que j'ai trouvé parfois un peu facile et trop usitée. Qualifier d'indicible un événement, une créature, pour exprimer leur caractère fantastique et terrifiant, passe une fois, mais quand cela devient récurrent, j'estime que c'est se moquer du lecteur. Heureusement, la quatrième nouvelle, aux descriptions plus précises, m'a fait quelque peu oublier ce travers, révélant la capacité de l'écrivain -hélas insuffisamment exploitée dans les textes précédents- à élaborer des univers complexes et fabuleux.
La deuxième raison qui explique que, je dois bien l'avouer, il m'est même arrivée de m'ennuyer au cours de ma lecture, c'est que, comme l'auteur nous rappelle régulièrement que son héros est en train de rêver (sauf dans le premier récit qui, du coup, est peut-être le plus effrayant), ses aventures ne suscite pas de réels frissons : on se dit que de toutes façons, il n'a qu'à se réveiller pour être sauvé des griffes de tel ou tel monstre !
Et personnellement, ce que j'aime dans les récits de ce genre, c'est qu'ils m'empêchent d'éteindre ma lumière avant de m'endormir ! Pas vous ?
Cette première expérience avec H.P. Lovecraft ne fut par conséquent pas vraiment concluante. Peut-être n'ai-je pas choisi le bon ouvrage pour m'initier aux royaumes imaginaires de celui qui est pourtant considéré comme l'un des maîtres de la littérature fantastique ?
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