[Walking Dead. T. 3, Sains et saufs ? | Rick Kirkman, Charlie Adlard]
Rick mène tout son monde en prison afin de les couper des attaques incessantes des morts-vivants que le printemps semble doper. La communauté errante découvre, médusée, quatre hommes attablés au réfectoire. Taulards en roue libre, ils semblent représenter un nouveau danger. Un tueur en série va mettre en œuvre sa démence meurtrière et le fermier Herschel va en faire les frais. Difficile de savoir qui va trinquer !
Ce n’est pas beau d’être accro aux crocs ! Quid des couacs précédents ? Le dessin de Charlie Adlard s’est sensiblement amélioré dans ce troisième volume et bien qu’il reste quelques visages à peaufiner, l’ère post-apocalyptique peut excuser les traits rugueux, charbonneux, angulaires qui vont bien au teint, l’ensemble est redoutablement mis en image avec une succession réussie de cadrages cinématographiques et un découpage au tempo infernal. On peut toujours pointer les faiblesses du dessin mais dans ce troisième opus, les décors et les zombies sont davantage soignés. Les scènes nocturnes sont aussi les plus abouties graphiquement. Toutefois, l’intérêt majeur réside dans le récit même, la manière dont le scénariste met en scène les personnages, les poussant dans leurs ultimes retranchements. Sans manichéisme, Robert Kirkman montre un monde en pleine déréliction et le lecteur ne situe plus les limites du bien et du mal. La survie en communauté nécessite d’établir des règles strictes car si les zombies restent prévisibles dans leurs comportements, les rescapés promènent en eux d’insondables gouffres tant hermétiques qu’indéchiffrables. L’a priori et les schémas types ne sont d’aucun secours pour évaluer le danger potentiel que chacun recèle. L’histoire est montée d’un cran et la prison comme lieu sécurisé se révèle être un piège mortel. Les criminels les plus dangereux ne sont pas nécessairement ceux qui sont passés à l’acte de manière ostentatoire. La mort rôde partout et pour certains la vie peut ressembler à une peine capitale. Face à l’accumulation des morts et à l’horreur qui se démultiplie sans jamais s’amoindrir, les survivants, les larmes ruisselant sur leurs visages creusés, perdent pied : Rick Grimes décrète la loi du talion (« Tu tues. Tu meurs. ») ; Tyreese se jette à corps perdu dans la masse des zombies carnivores, etc. Quand les rares piliers vacillent, le maigre édifice de la communauté se lézarde dangereusement. De quelles ressources disposent-ils encore pour s’en sortir ? Alors que le scénariste malmène durement sa petite troupe, la tension devient tangible car rien ni personne ne semble être épargné. Il faut résister afin de ne pas se précipiter sur le 4e volume. Kirkman sait inoculer de redoutables virus à notre insu.
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