[publié comme le ch. XXIV des Parerga et Paralipomena intitulé, dans la trad. de Dietrich, "La lecture et les livres"]
Un exposé assez peu original, voire carrément inintéressant, de la thèse fort connue en faveur de la lecture des classiques, et notamment au sens de classicisme qui implique l'antiquité gréco-latine (et rejette, accessoirement, le baroque - cf. vs. la sculpture de Bernini ! - la proto-Renaissance - cf. vs. Pietro Vannucci et Fra Angelico ! - le Romantisme et jusqu'à Eugène Sue..., pourquoi pas Victor Hugo, tant qu'à faire ?!). Peut-être suis-je biaisé par ma propre idée de la lecture qui s'oppose très précisément à presque tous les arguments portant sur la culture dite légitime, ainsi que sur les mérites de l'Histoire comme tamis juste et fiable de la qualité des écrits transmis jusqu'à nous.
Je retiens de ces vingt pages à peine les arguments que je trouve les plus critiquables :
"Donc, quand nous lisons, le travail de la pensée nous est épargné pour la plus grande partie. De là notre soulagement sensible, quand, après avoir été occupés par nos propres pensées, nous passons à la lecture. Mais, pendant que nous lisons, notre tête n'est à vrai dire que le champ clos de pensées étrangères." (p. 10)
"Il [le public] ne veut lire que ce qui est fraîchement imprimé, parce que "similis simili gaudet", et que l'aride et fade bavardage d'un plat écrivain de nos jours lui est plus approprié et plus agréable que les pensées du grand esprit [de l'antiquité]." (p. 17)
"L'impudente absurdité de Hegel et consorts [...] avait atteint des proportions si colossales, que les yeux de tous durent finir par s'ouvrir sur ce charlatanisme ;" (p. 22) - Je m'abstiens ici de tout commentaire...
"[...] Si l'on doit cesser un jour d'apprendre les langues anciennes, comme on nous en menace, nous aurons une littérature nouvelle consistant en un gribouillage d'une barbarie, d'une platitude et d'une indignité sans pareilles jusque-là ; d'autant plus que la langue allemande, qui possède pourtant quelques-unes des perfections des langues anciennes [sic !], est dilapidée et massacrée à l'envi et méthodiquement par les infâmes écrivailleurs du "temps présent", de sorte que, appauvrie et estropiée, elle tombe peu à peu à l'état de misérable jargon." (p. 29)
Bon, tout ça n'est pour moi qu' "aride et fade bavardage". En plus, hélas ! il a la vie dure.
J'ai pu maintenant le dire du grand Schopenhauer, de surcroît sur un sujet comme la lecture, donc ça me provoque un certain bienêtre cutané ("être bien dans sa peau", n'est-ce pas), aussi éphémère que les deux heures de cette lecture, sans doute, mais bien réel ! Vivat !
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