5 parties pour ce recueil : un groupement de chroniques, deux nouvelles, un questionnaire de Proust et un poème.
Les chroniques, puisque destinées au public français, m'ont "parlé". Romain Gary y moque nos hypocrisies, y parle avec ironie des médias qui nous manipulent... J'ai notamment apprécié la chronique dans laquelle il retranscrit ses réponses à un questionnaire visant à "dégager les traits communs à toutes les formes de création artistique".
"- Croyez-vous qu'une intense activité sexuelle soit incompatible avec la création artistique?
- Cela dépend des techniques d'expression. Lorsqu'on écrit à la main, l'autre main est toujours disponible. Lorsqu'on tape à la machine, il faut évidemment se faire aider par quelqu'un. [...]
- Un certain fétichisme littéraire joue-t-il, selon vous, un rôle dans la création littéraire? Eprouvez-vous le besoin d'avoir autour de vous, lorsque vous écrivez, un cadre particulier ou certains objets sur votre table de travail? Avez-vous, comme Balzac, une tenue favorite pour écrire?
- Je suis très fétichiste. Certains objets me sont indispensables : un stylo et du papier par exemple. Quant à ma "tenue favorite pour écrire", je mets des bas noirs, des souliers à hauts talons, des dessous roses et des jarretelles. Je ne peux pas, sans ça. [...]
- Estimez-vous que les écrivains ont plutôt intérêt à sa soumettre à la psychanalyse?
- Les écrivains, je ne sais pas, mais certains enquêteurs, sûrement".
L'une des deux nouvelles s'appelle "La Paz : l'homme qui mangeait le paysage". Je l'ai trouvée très poétique, très belle... Le narrateur (qui comme d'habitude présente des similitudes troublantes avec l'auteur) rencontre à La Paz un Français qui a une théorie pour le moins originale quant à la meilleure façon de savourer un magnifique paysage.
"Lorsqu'un spectacle de toute beauté s'offre à votre regard, il vous suffit de vous installer devant et, tout en le contemplant, de déguster un plat que vous aimez, un mets exquis, une des friandises dont vous raffolez. Il faut absorber une quantité suffisante de délicieuse nourriture pour ne plus jamais avoir faim de quoi que ce soit, pour vous sentir détendu et satisfait, habité par l'impression paisible d'avoir savouré en même temps que ce que vous mangiez un peu de la grande beauté du monde".
Alors, que choisiriez-vous comme mets pour graver en vous à jamais les beaux endroits que vous visitez? Pour le narrateur, ce sont les cornichons à la russe!
Quant aux réponses de Gary au questionnaire de Proust, je les ai bien évidemment trouvées savoureuses! Je ne vais pas vous les révéler, il faut bien laisser un peu de mystère...
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]