Après une attente qui aura duré huit années, le lecteur peut s’estimer lésé par le dernier opus de la trilogie, Le réseau Bombyce, scénarisé par Corbeyran pour les deux premiers tomes, Papillons de nuit et Monsieur Lune, dessiné par Cécil, scénariste aussi du 3e volume après la défection de Corbeyran. En effet, l’histoire a perdu en route sa force initiale et son atmosphère s’est diluée peu à peu. L’ensemble peut sembler décousu, voire amolli en dépit d’une violence explosive engendrant morts hideuses et vilaines blessures. Le lecteur peut aussi y trouver beaucoup de satisfactions dues notamment au courage de l’auteur à clore la série alors que la mode du steampunk est tombé en désuétude et que les aventures romantiques des deux cambrioleurs acrobates est trébuchante. On peut trouver beaucoup de plaisir aux décors raffinés d’une ville de Bordeaux de la Belle Epoque reconstituée avec brio pour la circonstance par un dessinateur talentueux. L’histoire ne manque pas d’intérêt. Eustache et Mouche tendent des câbles de toits en toits et glissent dessus afin d’atteindre les lieux de leurs rapines. Ils découvrent dans le coffre-fort du baron d’Harcourd la vidéo d’un snuff movie sur laquelle des hommes masqués violent et tuent en direct des jeunes femmes devant une assistance de notables. Zibeline, l’amie d’Eustache, va être violentée jusqu’à la mort par d’Harcourd. Le commissaire Felouque, alias Monocle, est à la solde du baron. Ses hommes pistent le duo de monte-en-l’air. L’étau se resserre d’autant que d’Harcourd, doutant de l’efficacité des hommes du Monocle, embauche une équipe de professionnels entraînés afin d’éliminer Eustache et Mouche. Les tensions vont faire éclater l’entente des deux compères car Eustache, malgré les coups reçus et l’agonie qui se profile, est bien décidé à venger Zibeline alors que Mouche sent qu’il faut décamper pendant qu’il leur reste un souffle de vie et une bouffé d’espoir. Le dénouement tragique permettra de lever des zones d’ombre en éclairant le passé trouble d’Eustache mais le lecteur aurait peut-être préféré qu’une lueur d’espoir s’allume au bout du tunnel.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]