[Casino. T. 2, Meules d’or ; Seize trous pour un mâle ; Le roi des baiseurs | Leone Frollo]
Sans transition, la suite au « One Two Two » ! Le volume 2 de Casino se passe d’entrée en matière et saute la préface qui honorait le premier tome. Le lecteur est jeté de plain pied dans le vif du sujet avec la première des trois histoires du recueil, « Meules d’or ». Madame Georgette, la tenancière, reçoit Annette, « une jeune femme qui désire entrer dans la ‘profession’ », en apparence libérée mais étonnamment pudique de son minou. Bien sous tous rapports, la nouvelle recrue ne pratique pourtant que la sodomie pour le plus grand bien des mâles du claque jusqu’au moment où le secret honteux d’Anna est révélé. Tout roule toutefois pour le mieux dans le boui-boui de Georgette. Les clients déboursent joyeusement car toutes les perversités sont satisfaites, « A chacun son plaisir » dirait Georgette. Arrive le drame. Un ministre de l’instruction publique venu incognito meurt dans un orgasme. Comme le dit Fifi, l’homme de main et le bras droit de Georgette : « Chiotte ! Il était sûrement venu ici pour s’instruire ». Toutefois, si cela se sait, le scandale éclatera et la maison close risque de fermer. Un comble ! Il faut évacuer le corps en catimini. On fait appel à Bobo, the Black giant, gardien et videur des lieux. Finalement, tout rentrera bien à fond dans l’ordre établi pour cette fois encore. La seconde historiette, « Seize trous pour un mâle », est du même acabit (priapique) avec une once de subversion. Un anarchiste veut éliminer les responsables d’une société minière coupables de s’enrichir aux dépens des travailleurs exposés. L’homme prend la place d’une prostituée du One Two Two dissimulée dans une pâtisserie géante, cerise dans le gâteau et destinée aux vieux vicelards de la petite sauterie privée. Les trous de balle ne seront pas ceux tant attendus par les joyeux pétards. Il est aussi question d’un vieil homme immature qui a besoin de sa plus vieille mère encore pour être excité et jouir. De la gaudriole brute qui prête moins à sourire ! Heureusement, arrive Arsène Lapine dans « Le roi des baiseurs ». On retombe en pleine pantalonnade bouffonne ou en pleine bouffonnerie culottée. Arsène s’introduit dans le bouge de Georgette et le sexe des prostituées sans bourse délier. Doué pour changer d’apparence, il semble intouchable. Dans l’univers du sexe tarifé, Le roi des violeurs devient la bête à abattre et Georgette a ourdi un piège à limace en rendant toutes les chattes endormies abrasives. Après avoir été sévèrement corrigé, Arsène ira se faire pendre ailleurs pour la plus grande quiétude du bouge chicos.
De scatologie en inceste, le sexe n’arrive pas à être vraiment rebutant sous la plume de Leone Frollo car l’excès éloigne du sordide, la caricature masque la réalité. Malgré les visages lubriques des barbons en goguette, les femmes du lupanar sont toujours belles, fraîches, disponibles dans la joie et la bonne humeur, pur fantasme que la vie s’empresse de noircir. Peut-être est-ce dû à un dessin lisse qui cercle bien les corps mais ignore la matière ? Il est étonnant aussi de découvrir l’œuvre non censurée du lion de Venise aujourd’hui même alors que les ciseaux d’Anastasie s’abattirent en des temps moins pudibonds sur l’édition française de Casino (1985-1987) mais les éditions Elvifrance étaient dans le collimateur de la censure et la production éditoriale de l’époque plus près des bourses laborieuses des bidasses et des travailleurs. Voici une bande dessinée porno soft à ne pas mettre n’importe où. S’il ne s’agissait de Frollo, je tirerais la châsse.
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