Les récits de Makine - secs et brumeux comme une maladie - se composent d'habitude autour d'un évènement à l'apparence insignifiante, ou, de toute façon, non sensationnelle, qui néanmoins finit par éclairer le sens de toute une vie.
Dans ce nouveau texte, le jeune écrivain qui est le moi narrant de l'histoire, décide de laisser le Leningrad des années 70, avec ses cercles littéraires dissidents qui savent seulement s’auto-plaindre et pleurnicher, pour fuir dans un village perdu du grand Nord soviétique, un pur règne d'ombres et de gel. Et c’est là qu'il rencontre Vera, une femme énigmatique, en chair, plus très jeune et portant sur les épaules une existence compliquée, mais capable de l'ensorceler dans une histoire qui n'est ni amour et ni même sexe, qui traite en vérité de quelque chose de plus primitif et originaire.
Dans son récit, Makine a la poigne consciencieuse et émue d'une paysagiste nordique : et l'histoire de Vera pourrait être une peinture de l'école finlandaise. Toutefois je dois admettre de ne pas avoir retrouvé dans ce livre la vigilante sobriété du précédent : surtout là où l'histoire privée de la protagoniste rencontrait, dans un parfait court-circuit, l'Histoire majuscule des purges staliniennes et ensuite, de la Seconde guerre mondiale. Il reste l'estime pour un auteur qui suit son propre parcours original et serein.
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