Le week-end du titre est celui qui suit la prise de conscience de Bella, qui se rend qu'elle ne peut plus supporter l' arrogance masculine face à sa faiblesse de femme, les regards concupiscents que lui jettent les hommes en quête d'une proie vulnérable à prendre, même sans sa permission.
Car Helen l'est, vulnérable, qui se sent "comme une épave flottante, un objet rejeté sur la côte. La dernière de la course, (...) la dernière en tout, pour tout le monde, (...) perdue et abandonnée, la dernière dans la vie".
Mais c'est terminé ! Et c'est sa visite à un obscur voyant iranien qui va achever de la réveiller, la persuader de faire son choix : être victime ou bourreau, boucher ou agneau.
La révolte de Bella pourrait passer pour la révolte de toutes les femmes "qui craignent la panne sur l'autoroute, les bandes, les attouchements furtifs dans le métro, de toutes celles qui sont nées libres et qui pourtant sont enchaînées".
Mais pas seulement, on devine que c'est aussi le sursaut, d'une façon plus générale, de tous les faibles, les discrets, les "blessés, ceux sur qui l'on marche et qui étouffent en silence".
Au nom de tous ceux-là, Bella part en croisade macabre le temps d'un week-end, pour nettoyer la pourriture, se venger de toutes les fois où il lui a fallu s'écraser, de toutes les vexations...
Jugé subversif, qualifié d'immoral par le Parlement anglais lors de sa parution en 1991, "Dirty week-end" est le dernier ouvrage en date à avoir été interdit par ledit Parlement...
Il m'a semblé pourtant que le ton employé par l'auteure, entre le conte grinçant et le thriller parodique, donnait à l'ensemble des allures de farce à ne pas forcément prendre au sérieux. Au fur et à mesure de ses pérégrinations meurtrières, on se rend bien compte que Bella est un personnage peu crédible, une représentation presque symbolique et exacerbée de la revanche des fragiles face à un oppresseur caricatural lui aussi, personnifié sous la forme d'une gente masculine grossière, perverse et agressive.
Qu'est-ce qui a tant choqué les honorables Lords anglais ?
Le ton de fausse naïveté qu'utilise Helen Zahavi pour décrire certains passages violents, voire sanglants, ou son langage qui se fait parfois cru ?
A moins qu'ils n'aient été effrayés par le fait que "Dirty Week-end" puisse être considéré par les lecteurs(rices) comme un exutoire... comment ne pas s'imaginer à la place de Bella, l'arme à la main, en passe de punir un odieux individu qui voulait attenter à notre intégrité physique et/ou morale ?
J'ai en ce qui me concerne passé grâce à cette lecture un moment fort divertissant, enchantée par le cynisme et l'humour noir de l'auteure.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]