Attali est un brillant conteur et un brillant démonstrateur. Il s'approprie les travaux d'autres intellectuels pour construire cette étude du nomadisme à travers les âges et tirer de cette étude des enseignements pour l'avenir de l'humanité.
Pour ce faire, il emploie la méthode d'un intellectuel musulman du XII° siècle (Ibn Rushd) qui expliquait qu'
une théorie ne mérite qu'on s'y intéresse que dans la mesure où elle peut tout à la fois s'exprimer en quelques lignes, s'exposer en quelques pages et se démontrer en plusieurs chapitres. Le premier des trois textes devrait résumer la thèse principale, le deuxième rassembler l'essentiel des propositions, le troisième analyser en détail les matériaux fournis par l'érudition. C'est dans leur cohérence que réside la preuve de leur conjointe vérité.
Jacques Attali emploie donc cette méthodologie pour étayer une idée selon laquelle
la sédentarité n'est qu'une brève parenthèse dans l'histoire humaine. Durant l'essentiel de son aventure, l'homme a été façonné par le nomadisme et il est en train de redevenir voyageur.
Les deux premières méthodes de démonstration m'ont plu. La troisième partie est, bien entendu, plus longue et assez inégale. C'est l'histoire de l'humanité du singe à l'homme moderne qui est racontée à travers l'opposition entre le nomade et le sédentaire. Le gros du livre est passionnant mais il y a quelques thèses capilotractées : une volonté de tout vouloir expliquer ou rattacher au nomadisme sur la partie historique d'une part et des visions d'avenir un petit peu farfelues d'autre part.
Ceci mis à part, on ne s'ennuie pas à la lecture de cet essai.
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