[La science est-elle inhumaine ? Essai sur la libre nécessité | Henri Atlan]
L’inhumain ne concerne que l’espèce humaine. Les existences minérales, végétales, animales ne seront toujours que des non-humains
La science, production humaine, est-elle inhumaine ? Telle est la question posée dans ce livre.
Une autre question se pose aussi « qu’est ce que notre liberté ? »
Si l’humanité consiste à démystifier autant que possible les passions aliénantes et les illusions humaines, y compris celles que la science elle-même contribue à entretenir, alors oui, la science est inhumaine.
Mais si l’humanité consiste à asservir les corps et les esprits dans la souffrance, l’impuissance et l’ignorance, la science, au contraire, est une source irremplaçable d’humanité
A l’aide de la philosophie spinoziste, Atlan propose une nouvelle façon de penser la liberté, un accord avec les avancées actuelles de la biologie et des sciences humaines.
Dans une vie entièrement déterminée (ce que la biologie et les sciences découvrent au fil du temps), peut-on encore croire en la liberté, peut-on croire qu’il existe encore une liberté, une vie en société et une morale ?
Les sciences nous montrent que nous somme sujets au déterminismes, mais l’étude spinoziste nous explique que c’est la conscience (et c’est ici que se situe le paradoxe), de ses déterminismes (sociaux, biologiques, etc..) qui engendre l’émergence d’une plus grande liberté, car elle offre des choix, des corrélations, des nouvelles possibilités.
L’équivalent, et cela peut être surprenant, est trouvé dans un texte du talmud –Le Traité des Pères- (ou des principes)
« Tout est prévu et la permission est donnée »
C’est à la fois l’affirmation d’un déterminisme les plus absolus qui se manifestent dans cette phrase, mais également le libre arbitre, dans la permission, les possibilités qui sont offertes.
Tout consiste à jouer, faire comme si nous étions libre alors que nous sommes sous l’emprise totale du déterminisme, tout ne serait qu’illusion de liberté absolue.
Deux définitions de la liberté : responsabilité.
Le responsable est une personne ou un groupe de personnes bien précis qui ont prise des décisions dans des conditions bien déterminées ayant entraîné une action conduite d’une certaine façon. Enfin, le/les responsables le sont devant des personnes précises qui ont subit les effets préjudiciables de leurs actions.
Dans le cas de la responsabilité à priori
Chacun est responsable puisque ce chacun est en mesure d’être en situation d’agir, l’abstention de l’action en étant encore une. Il est responsable de toute son existence et de l’effet de ces actes « devant tous le monde, y compris lui-même, potentiellement exposé à ces effets ».
Dans l’établissement de l’éthique scientifique et du débat sur les techniques, il est impératif d’aboutir à une large diffusion des savoirs pour que les débats concernant les sciences ne soient pas seulement réservés aux experts.
Et l’on sait à quel point cette diffusion est difficile, voire rendue impossible par les pouvoirs politiques, les scientifiques eux-mêmes, et bien sûr, les médias, incapables de véhiculer un message que ne soit pas tronqué, faux, généralisant à outrance.
Car le politique, le scientifique, le grand public et les médias doivent coopérer. Reste à trouver dans quelle mesure ils doivent le faire. Par une séparation nette des parties, déjà, mais surtout par la critique pure, la construction d’un esprit critique, la construction d’une identité différenciée et dans un dialogue constant qui guide la société, tiens la main du grand public jusqu’au lieu du débat.
Verdict d’un serial lecteur :
Cette lecture se révèle finalement être légèrement décevante
En effet, ATLAN, ne répond spas véritablement à la question qui est donnée ; La science est-elle inhumaine ? Où alors, il faut s’efforcer d’y répondre par soi-même.
La science est création humaine, en effet, mais elle échappe aux scientifiques et aux politiques, à la société et aux média, ce qui la rend inhumaine. Il arrive à la science qu’elle asservisse, qu’elle tue. Mais la science et ses applications sauvent également des vies. Elle est donc les deux à la fois humain et inhumaine. Je pense qu’il est impossible de trancher cette question, et c’est peut-être pour cela que Henri Atlan ne répond pas lui-même à la question posée, du moins pas franchement.
Il est surtout question de déterminisme et de libre arbitre, de liberté humaine et d’un certain renouveau linguistique nécessaire à la compréhension de toutes les parties de la science.
Au fond, des conditions et des indices sont donnés pour réhabiliter ou simplement crée un dialogue nouveau et renouvelé, quadripartite :
-Politique
-Grand public
-Scientifique
-Médiatique
Pour rendre la science plus humaine, les responsabilités doivent être rendue à chacun.
Ceci demande l’effort de tous.
Il s’agit donc d’un livre incomplet, dommage, mais qui comporte d’excellents éléments pour une préparation aux concours ou pour les férus de science.
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