Depuis que sa femme Mata l'a quitté, en emmenant avec elle leur petite fille Buni, Momo n'est pas vraiment à la fête...
Vivre seul, c'est triste, et ce n'est pas son job à l'usine, "chiant et fastidieux", qui va lui changer les idées ou lui remonter le moral. Heureusement, il y a ses potes Lulu et Jacky, avec lesquels il forme une fine équipe, et qui le considèrent avec admiration. Il faut dire que Momo, c'est un copain vraiment loyal, toujours là en cas de coup dur, capable de remuer ciel et terre pour vous sortir de la mouise...
Le hic, c'est que Momo, parfois, il déraille... il a des pulsions, de vilains instincts qui le titillent, et qu'il ne peut pas réfréner...
Ce pourrait être un remake de "Docteur Jekyll et Mister Hide", ou comment un mec a priori plutôt sympa, sensible, et pas bête, devient parfois le pire des monstres. Sauf que là, ce n'est pas une potion magique qui est à l'origine de la métamorphose, mais une sorte de dysfonctionnement dont souffre l'individu. Une animalité qui se réveille et prend le dessus sur les principes, l'éducation, le savoir-vivre, la morale. Et il semblerait que ce soit la désespérance qu'inspire une existence morne, injuste et sans liberté, qui réveillerait ces instincts néfastes.
Momo est un personnage dégoûté du monde et avant tout de lui-même, qui préfère occulter ce qu'il y a de plus ignoble en lui en l'oubliant, littéralement.
Le récit de Franca Maï -auteure discrète mais qui gagne à être connue- est cru, violent, direct, mais aussi empreint d'une poésie aux accents amers, qui tenterait de chanter l'Homme en dépit de son aptitude au Mal. En prenant le parti de faire de Momo le narrateur de son livre, elle donne à son roman un caractère troublant, qui met parfois un peu mal à l'aise, dans la mesure où malgré les actes abjects qu'il perpètre, on ne peut s'empêcher de le trouver souvent sympathique...
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