« Il y a des villages qui ont un goût de malheur. On les reconnaît dès que l’on avale un peu de leur air usé et stagnant, aussi appauvri et sec que la vieillesse ».
Le village de Comala est de ceux-là. Tenant la promesse faite à sa mère au moment de son décès, Juan Preciado s'y rend. Il vient y faire la connaissance de son père, Pedro Paramo, qu’il n’a jamais rencontré, et exiger de lui son « dû », selon les propres termes de la défunte.
Seulement, une fois arrivé à destination, les choses se corsent… Les rares âmes qui peuplent encore le village, ne sont justement que des âmes ! Accueilli par des fantômes, Juan va peu à peu apprendre de leurs murmures l’histoire de Comala, et notamment la place qu’y a occupé le fameux Pedro Paramo, grand propriétaire terrien qui imposa le règne de sa volonté par la terreur et la corruption.
C’est dans une atmosphère dépaysante et quelque peu angoissante que nous plonge Juan Rulfo, avec ce récit qui oscille entre conte fantastique et chronique rurale. Et ce n’est pas tant l’évocation de revenants qui suscite cette angoisse, que celle de la part obscure, malfaisante, tapie dans le coeur des habitants du village.
Viols, meurtres commis par les uns, avec la tacite complicité des autres, qui par lâcheté ou simple commodité, ont préféré ne rien voir… rien d’étonnant à ce que les morts de Comala ne parviennent pas à trouver le repos ! Même la terre, contaminée semble-t-il par l'esprit délétère des lieux, n'a jamais donné que des fruits au goût acide.
Tel est le funeste héritage de Juan Preciado : la transmission d'une histoire peu reluisante, peuplée d'âmes en perdition.
C'est en revanche un héritage d'une grande richesse que nous lègue Juan Rulfo avec ce roman particulièrement envoûtant.
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