J'ai relu ce livre que j'avais découvert dans les années 80. En ce moment ,moi aussi, je débats avec moi même de l'identité française....et quoi de plus vivifiant pour l'étayer, cette fameuse identité, que d'aller explorer l'histoire de France.... C'est d'ailleurs paradoxal que de trompetter urbi et orbi l'impérieux devoir de débattre "de ce qui fait notre essence" et dans un même temps de passer l'enseignement de l'histoire par pertes et profits....
Donc, disais-je, la recherche , la connaissance de ce qui fût , cette longue suite d'évènements dont nous sommes qu'on le veuille ou non, l'aboutissement ( à la fois généalogiquement et sociologiquement) permet de nous situer dans un continuum qui nous évite de croire que le "monde" commence à notre naissance et se termine à notre mort...
La "Guerre de cent ans" c'est comme le "Baptème de Clovis" , la Révocation de l'Edit de Nantes, le Serment du jeu de paume,ou Watterloo (morne plaine...) , c'est une image d'Epinal, un vague souvenir de cours d'histoire ...C'est le mérite d'un immense historien comme Jean Favier (et il écrit "bien" c'est à dire clairement...) que de faire résonner (entrer en résonnance...) cette période du XIV-XV e siècles avec la nôtre. Car , outre les batailles et les rivalités féodales, que nous disent ces 150 ans de rivalités franco-anglaises ? Et bien justement qu'il faut relativiser fortemment l'antagonisme Angleterre-France (tellement pratique....l'ennemi héréditaire...etc..) pour s'attacher avant tout à un conflit au départ strictement privé, une affaire de famille...(je ne saurai trop conseiller à d'éventuels amateurs de bien détailler les arbres généalogiques...). Ainsi la Guyenne, dans la mouvance anglaise depuis Henri II Plantagenêt, n'était-elle pas préssé de rejoindre le royaume de France... les vins de Bordeaux s'exportant naturellement vers l'Angleterre...Ainsi Paris qui sous le règne de Henri VI (roi de France ET d'Angleterre) représenté par son oncle Jean de Bedford , supportait fort bien la férule (douce) anglaise ; Favier nous dit que la garnison anglaise logée à la Bastille, récemment construite, n'était que de quelques dizaines de soldats...Dès l'instant que le commerce allait....!
De tout ceci je ne crois pas qu'il faille en tirer des conclusions définitives...Le sentiment d'être français est venu plus tard ; d'abord Jeanne d'Arc, la reconquête de Charles VII, et puis les sbires des Plantagenêts ont tellement ravagé les campagnes françaises qu'à un moment donné les envahisseurs (les soldats des compagnies pouvaient êtres de beaucoup d'autres nationalités...) ont été clairement identifiés à l'anglais. Enfin la réconciliation au traité d'Arras de Charles VII et de Philippe le Bon (les bourguignons...!) a peut-être accéléré le "sentiment" d'unité (au moins par la langue...). Le revers de la médaille c'est aussi l'émergence en catimini d'un nationalisme qui trouvera pleinement à s'employer 600 ans plus tard....
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]