C'est une relecture. Je l'ai lu, il y a une trentaine d'années, et me souvenais essentiellement des amours adolescentes et tragiques de Miette et Silvère sur fond d'insurrection.
Ce livre me laisse une impression mitigée. Il semble constitué d'histoires juxtaposées (même si, en romancier habile, Zola noue tous les fils ensemble dans les derniers chapitres), défaut dû au rôle d'exposition des différents protagonistes que lui donne Zola. Il est donc difficile à lire en tant que roman et n'a vraiment de sens qu'à l'intérieur de la fresque des Rougon-Macquart.
Il n'en reste pas moins qu'il a de grandes qualités :
le style de Zola, ses descriptions remarquables de précision évocatrice et de concision (Par exemple : "Quand Rougon eut retiré les couvercles des trois caisses, ce fut un spectacle d'un sinistre grotesque. Au-dessus des fusils, dont les canons luisaient,bleuâtres et comme phosphorescents, des cous s'allongeaient, des têtes se penchaient avec une sorte d'horreur secrète, tandis que, sur les murs, la clarté jaune du rat de cave dessinait l'ombre de nez énormes et de mèches de cheveux roidies");
une peinture extrèmement intéressante de la situation en France au moment du coup d'état du 2 décembre 1851;
un souffle épique pour évoquer l'insurrection;
une sympathie pour les insurgés en même temps qu'un grand réalisme à l'encontre des utopies ;
et bien sûr une peinture poétique des amours de Miette et de Silvère.
J'ajouterai que les derniers chapitre mêlent avec un grand art l'horreur des crimes de la répression et un certain humour devant la lâcheté des acteurs de cette répression.
Ma note (3 1/2) doit se concevoir par rapport aux autres romans de Zola et non comme un absolu (comparé à la littérature actuelle il mériterait davantage)
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