Au mitan du XVIIIe siècle, luttent les Anglais, les Français, les grandes nations indiennes algonquines et iroquoises [iroquois signifiant « vraies vipères » en algonquin ; les Iroquois étaient alliés des « perfides » Anglais, les Algonquins ceux des Français]. L’action se situe dans les colonies d’Amérique du Nord à cette période troublée. Un Iroquois piste un jeune garçon, le découvre et lève son tomawak : « C’était plutôt moche de mourir… Je voulais juste vivre ! ». Alors, à l’approche imminente de la mort, le passé défile en images. Flash back sur les pages suivantes avec la naissance, la mort de la mère, la remise du médaillon, l’orphelinat, le ‘grand dérangement’, la vie de mousse, la rencontre salutaire de Lucky Roberts, l’amitié avec l’autre mousse gallois Andrew, la vie de pirate sur l’île Tortuga, la chasse aux doublons d’or espagnols au fin fond du Canada, à Canoë Bay. Il faut attendre la page 44 avant que le casse-tête ne s’abaisse et que l’histoire reparte au présent.
On pense trouver une énième version de L’île au trésor et on découvre une histoire solide, sensible et originale, magnifiquement dessinée. La transparence de l’aquarelle renforce par contraste la violence des combats. Les dessins, les cadrages, la mise en scène sont fluides et portent avec puissance, efficacité et discrétion une histoire forte, celle de l’initiation d’un enfant confronté à la dure vie de pionnier dans une nature âpre. Certaines planches sont de pures merveilles visuelles. La couverture de l’album dit à elle seule sans mentir d’un pouce ce que l’index compulsif du lecteur va découvrir page après page. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise et les vingt-six superbes pages de croquis en supplément aux 78 pages de l’album ajoutent une indéniable valeur à l’ensemble. Elles disent simplement et superbement la genèse de l’album.
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