[Une charrette pleine d'étoiles | Frédéric-H Fajardie, Jérôme Leroy]
Henri Sajer, dit "Riton", Robert Harszfield et Louis Mena sont trois amis, employés à l'Electromécanique de Savoie. Riton est le meneur de la grève de ce 30 mars 1938, flanqué de son ami Robert, dit "le savant" pour son côté solitaire et son goût de la lecture. Louis, lui, prend une part active à la lutte, comme d'habitude, mais le coeur léger : il est amoureux de Lucie.
Mais Lucie est belle, et Louis n'est pas le seul à s'en être rendu compte : Xavier Chastenet, fils du grand patron, ne peut réprimer ses pulsions et viole puis tue Lucie. André Chastenet, le père, soucieux d'éviter le scandale, s'arrange pour innocenter son fils mais l'envoie quand même en Espagne, où il devra retrouver son grand frère, capitaine dans la milice.
Louis, aussi impulsif qu'au temps de son adolescence où il a enchaîné les 400 coups, ne rêve plus que de vengeance, et c'est sans tergiverser qu'il décide se partir s'engager auprès des Républicains, dans le but de retrouver l'assassin de sa fiancée. Harszfield et même Riton, pourtant père de famille, décident sur un coup de tête d'accompagner leur ami.
Deuxième roman de Fajardie que je lis et, même s'il s'agit là encore d'un historique, on est bien loin du Voleur de vent, splendide fresque de cape et d'épée.
Une charrette pleine d'étoiles est un très beau roman également, mais bien loin du "romanesque", on ne se sent qu'à peine dans la fiction. Cette histoire est brute, ressemble à celle que tant d'hommes ont réellement vécue il y a 70 ans en Espagne. Fajardie me donne l'impression d'être un auteur réellement engagé, et pas uniquement au sens politique : on le sent pris tout entier dans son écriture, il se livre lui-même quand il écrit, avec honnêteté et pleinement. Ses héros sont des hommes, avec des qualités mais aussi des défauts, des travers, des bassesses, mais un sens de l'honneur et de la dignité.
C'est une forte histoire d'amitié, mais aussi une réflexion sur les choix qui peuvent changer une vie, sur le sens qu'on lui donne... Et une fresque de la fin de la guerre d'Espagne, sombre prélude à la Deuxième Guerre Mondiale. C'est une période que je ne connais pas ; on ne l'étudie jamais en tant qu'élève, et tant que lectrice, je n'ai lu qu'une seule oeuvre qui s'y rapporte - mais quelle oeuvre ! Pour qui sonne le glas d'Hemingway.
Frédéric H. Fajardie, plus connu pour ses romans policiers que je n'ai pour ma part jamais eu l'occasion de lire, était vraiment un grand écrivain, que je regrette de n'avoir pas découvert plus tôt.
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